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Secteur financier : l’Etat veut se défaire de son rôle de banquier

C’est un tournant dans le système financier algérien. Après une longue valse-hésitation, l’Etat a décidé d’ouvrir partiellement le capital de deux grandes banques publiques à l’investissement privé.

Le ministre des Finances, Laaziz Faid a annoncé hier l’ouverture du capital du Crédit populaire d’Algérie avant la fin de l’année en cours et celui de la Banque de développement local vers le milieu de 2024.

Cette décision, qui était dans l’air depuis au moins l’année dernière, a été officialisée jeudi dans un discours du président de la République devant les opérateurs économiques. Abdelmadjid Tebboune a précisé que ces établissements seront, dans un premier temps, privatisés à hauteur de 30%.

L’opération vise, selon lui, à augmenter l’efficacité et la marge de manœuvre de ces institutions qui ont fonctionné depuis leur création comme de simples caisses de dépôt fortement soumises aux desideratas de l’administration. En les affranchissant de cette tutelle, les autorités veulent en faire des instruments au service du financement de l’économie grâce à une offre plus diversifiée et par une gouvernance tournée vers la performance. Elles espèrent, d’autre part, garantir la transparence de leurs gestions pour éviter les travers qu’elles ont connus durant la décennie 2010 quand elles agissaient comme de machines à sous pour certains privilégiés.

Cette réforme qui coïncide avec le 60e anniversaire de la création de la Banque centrale d’Algérie entre dans une refondation du système financier algérien avec la révision de la loi sur la monnaie et le crédit. Le texte prévoit, parmi d’autres nouveautés, l’agrément de banques d’investissement, de banques numériques, de prestataires de services de paiement et des courtiers indépendants, ainsi que l’ouverture des bureaux de change. Il introduit, en outre, l’utilisation de nouveaux outils de la politique monétaire à l’instar de la finance islamique et du financement vert.

Dans tous les cas, selon les spécialistes, l’Algérie qui se rêve en tant que futur dragon dans sa région avait l’obligation de sortir d’une économie rentière et d’utiliser tous les leviers en sa possession pour mobiliser les fonds nécessaires à son décollage. Depuis plus deux ans, elle engrange des recettes extérieures importantes à la faveur de la remontée des cours des hydrocarbures, mais fait un usage improductif de la manne. Ses exportations hors énergie fossile augmentent, certes. Elles demeurent cependant minimes par rapport au potentiel et aux besoins du pays.

Même la Bourse qui devait jouer un rôle moteur pour soulager le Trésor public en matière de financement des sociétés, en particulier celles qui ambitionnent de vendre leur production à l’étranger, patine depuis 27 ans. La capitalisation du stock exchange à l’Algérienne n’arrive même pas au seuil de 1% du Produit intérieur brut du pays.

Seulement quatre grandes entreprises sont cotées dans son marché principal : Saidal et Biopharm (pharmacie), El Aurassi (hôtellerie et tourisme), Alliance (Assurances). Le marché des Petites et moyennes entreprises, créé en 2012, compte pour sa part un seul titre, celui AOM Invest (investissement et placement financier). La taille du marché obligataire est tout autant rachitique où le Trésor public joue pratiquement seul.

Fin 2021 déjà, le rapport annuel de la Commission d’organisation et de surveillance des opérations de bourse (Cosob) avait d’ailleurs sévèrement critiqué ce fonctionnement léthargique. La capitalisation boursière représentait à cette date moins de 0,5% du PIB, un chiffre qui reflète «la contribution insignifiante de la Bourse d’Alger dans le financement de l’économie», a signalé le document. La privatisation des banques publiques paraît donc s’imposer.  

Mohamed Badaoui

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