Des parlementaires issus des Etats membres de l’Organisation de la coopération islamique sont en réunion de deux jours à Alger pour examiner des questions internationales et celle du monde musulman dans un climat sur lequel pèse la guerre en Ukraine.
Les membres du Comité exécutif de l’Union parlementaire des Etats membres de l’Organisation de la coopération islamique (UPCI) sont à Alger dans le cadre de leur 47e réunion. La rencontre doit passer en revue de nombreuses questions internationales, à commencer par la guerre russo-ukrainienne qui vient s’ajouter à un ordre déjà suffisamment chargé.
Le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Brahim Boughali, a d’emblée planté le décor en déclarant dans son allocution d’ouverture sur le moment extrêmement inquiétant que traverse le monde. “Nous nous réunissons aujourd’hui dans une conjoncture internationale sensible qui exige de nous d’être unis et solidaires”, a-t-il dit en mettant l’accent sur l’importance de la réunion d’Alger qui permettra d’examiner les développements politiques et socio-économiques aux plans régional et international.
S’adressant à ses homologues et invités, il a souligné la nécessité “d’unifier les rangs et renforcer notre solidarité et notre coordination, pour être à la hauteur de ces défis”.
Plusieurs pays qui ont pour croyance et culture communes l’héritage islamique ont subi durant les trois dernières décennies des guerres menées essentiellement par des forces coalisées occidentales comme l’Irak et l’Afghanistan. Ils vivent jusqu’à présent les conséquences de ces destructions qui ont totalement disloqué leur tissu social et entamé leur chances de renouer avec le développement avant longtemps. La Syrie qui a fait face à une terrible guerre terroriste voit aujourd’hui son territoire morcelé et menacé de division. Ce pays qui était l’un des plus stables du Monde arabe a maintenant du mal à panser ses blessures et à recoller les éclats de son identité.
Le Yémen, pour sa part, se fait démolir depuis des années par les armées de l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis sous prétexte qu’il sert de base à l’expansion iranienne dans la région. La Libye n’arrive pas à retrouver sa stabilité après onze ans de guerre civile déclenchée par une opération de l’Otan dirigée par la France de l’ex-président Nicolas Sarkozy. Celui-ci a aujourd’hui maille à partir avec la justice de son pays pour des accusations de corruption à la suite du financement douteux de sa campagne grâce au chéquier de feu Mouammar Kadhafi. Le Comité exécutif de l’UPCI examine également la situation des minorités musulmanes dans le monde à l’instar des Rohingyas de Birmanie et les Ouïgours de Chine.
Evidemment, la question phare de tous les musulmans demeure la Palestine qui revêt un caractère sacré puisque Jérusalem est considérée comme le premier lieu-saint de l’Islam. Toutefois, cette cause est de plus en plus délaissée au profit de la normalisation avec Israël. Mais parlant au nom d’un pays, l’Algérie, qui n’a jamais accepté de troquer son soutien à la Palestine en contrepartie d’intérêts étroits, Boughali a réaffirmé au peuple palestinien “pour lui permettre de recouvrer ses droits inaliénables, y compris le droit à l’établissement de son Etat indépendant sur les frontières de 1967, avec pour capitale Al Qods”.
Il est inutile de dire que tous les pays représentés à la réunion d’Alger ne partagent pas la même vision sur tous les problèmes qui y seront examinés. De profondes divergences les séparent sur leur traitement. Le président de l’APN a évoqué cette difficulté par des propos voilés en émettant le vœu que “la concertation et le dialogue constituent des remparts face aux tentatives visant à semer la fitna et à fomenter les crises qui affligent nos peuples et ouvrent les portes aux conflits qui gaspillent toutes nos énergies”.
Ali Younsi-Massi