Le baril de Brent est tombé sous les 60 dollars pour la première fois depuis 2019. Une mauvaise nouvelle pour l’Algérie, dont l’économie repose en grande partie sur les hydrocarbures. En cause : une décision inattendue de l’OPEP+ d’augmenter massivement la production, malgré une demande en berne.
Pour la première fois depuis quatre ans, les prix du pétrole brut sont passés sous la barre symbolique des 60 dollars le baril. Hier lundi, le Brent de la mer du Nord, référence internationale, a reculé de 3,5 % pour s’établir à 59,17 dollars. Le baril de WTI américain a, quant à lui, chuté de 3,8 % à 56,08 dollars.
Cette dégringolade s’explique principalement par l’annonce, le 3 mai dernier, d’une augmentation coordonnée de la production pétrolière par huit membres de l’OPEP+, dont l’Algérie. À compter de juin, ces pays — parmi lesquels figurent l’Arabie saoudite, la Russie, l’Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, Oman et l’Algérie — injecteront ensemble 411.000 barils supplémentaires chaque jour sur le marché mondial. Ce volume dépasse largement le rythme prévu initialement, qui était de seulement 137.000 barils.
Cette décision, décrite par l’analyste Jorge Leon de Rystad Energy comme une “bombe sur le marché pétrolier”, marque un tournant stratégique pour l’OPEP+. L’organisation semble désormais prioriser la reconquête de parts de marché, quitte à tirer les prix vers le bas. Un virage que certains analystes interprètent également comme un geste politique, en direction des États-Unis, en réponse aux pressions de l’administration Trump.
L’Algérie dans une position délicate
Pour l’Algérie, dont les recettes issues des hydrocarbures jouent un rôle important, cette situation pourrait s’avérer difficile à gérer. Une chute prolongée des cours en dessous du seuil des 60 dollars pourrait impacter négativement ses revenus.
L’Algérie, qui produit actuellement autour d’un million de barils par jour, verrait ses marges budgétaires se réduire fortement si le prix du baril descendait durablement sous les 55 dollars.
Un marché sous tension géopolitique
Cette offensive sur l’offre intervient dans un contexte déjà tendu : la demande mondiale reste affaiblie par les incertitudes économiques, notamment la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, plus grand consommateur de pétrole au monde. À cela s’ajoutent les effets potentiels des sanctions américaines sur l’Iran, qui pourraient à moyen terme rebattre les cartes de l’offre mondiale.
À court terme, cette baisse des prix pourrait profiter aux consommateurs. Mais pour les pays producteurs comme l’Algérie, cette stratégie agressive pourrait se retourner contre eux si la spirale baissière se poursuit.
Sid Ali