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Législatives du 12 juin : les affiches révèlent le niveau des candidats

La campagne électorale débute demain mais les réseaux sociaux ont déjà donné un avant-goût de ce qui attend l’opinion. Les affiches qui circulent sur Internet jettent un curieux éclairage sur les candidats appelés à former le Parlement de l’Algérie nouvelle.

Les quelques images de candidats aux législatives qui commencent à fleurir sur les réseaux sociaux prêtent à sourire et pleurer en même temps. Sourire, car elles confirment l’adage qui veut que le ridicule ne tue pas. Pleurer, parce qu’il s’agit du personnel qui va représenter l’ensemble des Algériens.

Aussi, l’un des prétendants à la députation s’est affiché avec un plant d’olivier à la main qu’il a dû emprunter ou acheter chez un pépiniériste. Par cette pause, le potentiel représentant du peuple a voulu montrer son pacifisme et détourner en un claquement de doigt la symbolique du Hirak et prouver en même temps aux autorités qu’il est du bon côté.

Des personnages comme lui vont envahir la scène médiatique et les rues des villes par des postures et des propos qui vont certainement créer une aversion citoyenne pour la chose politique. Un autre parti dont peu de personnes a entendu parler a, pour sa part, mis en scène quatre grâces maquillées et coiffées comme si elles allaient participer au casting d’une série turque. Le sex appeal comme argument électoral est une arme parmi d’autres, mais les mêmes femmes sont capables de se couvrir de la tête aux pieds si elles sentent les vents tourner.

La campagne de cette année sera également géopolitique et déplacera le centre de gravité vers le Proche-Orient. L’agression israélienne qui est en train de détruire Gaza serait à coup sûr mise à profit par certains opportunistes pour espérer gagner des voix. Ils vont sans doute utiliser des vidéos et des photos d’enfants qui pleurent, de femmes qui supplient et des rockets qui pleuvent. Cela s’appelle faire flèche de tout bois.

La fin justifie le moyen

Comme en politique la fin justifie le moyen, les postulants à l’hémicycle n’hésiteront pas à se couvrir de grotesque pour attirer les regards. La plupart d’entre eux agissent de la sorte par déficit de goût et non par une quelconque stratégie savamment réfléchie qui leur commande de marquer les esprits par un effort d’autodérision.

On se souvient que pour leur promotion avant les municipales de 2017, des concurrents avaient défrayé la chronique par des créations déconcertantes. Le dazibao qui avait fait alors le buzz mettait en scène sept hommes sur les ailes déployées d’un aigle royal américain. En kamis blanc et assis dans la posture du lotus de hata yoga, six d’entre eux encadraient un personnage debout sur le dos du majestueux rapace. Enturbanné comme Sindbad des Mille et une nuits, il occupait le centre du poster en fier tête de liste. Ces « aigles du futur », comme ils s’étaient appelés, représentaient le Front El Moustakbel de Abdelaziz Belaïd. Ils semblaient faire la promotion d’un film sur des fakirs volants produit par Bollywood. Une prestation qui leur a valu une avalanche de commentaires incrédules ou désopilants sur Facebook. «Ohooo!!!! C’est du fake j’espère », disait l’un. « L’Ahuristan dans toutes ses ahuristances », s’étonnait un autre. « Un B52 qui va bientôt larguer « ezzag (la fiente) », concluait un troisième.

Sur une autre affiche, on avait vu un homme moustachu et costumé comme les « men in black » dans une position de combattant de Kung Fu. L’aspirant à la magistrature locale avait nié être l’auteur du méfait et accusé « des ennemis » et des « jaloux » qui, selon lui, « ont détourné » sa photo pour lui nuire. Le mal a été cependant fait et son écho a dépassé les frontières du pays. Un internaute étranger avait, par exemple, publié sur son compte twitter : « Elles sont trop cools les affiches électorales en Algérie. Ici, celle du candidat Bruce Ali ».

Le Mouvement populaire algérien d’Amara Benyounès n’était pas en reste dans le musée des curiosités. Ces concepteurs avaient remplacé par deux roses rouges les portraits de deux femmes inscrites sur une liste communale. Les avocates en question figuraient tout à fait en bas du placard, sous 14 hommes dont le niveau oscillait entre agriculteur et enseignant.

En règle générale, les encarts donnent une idée précise sur le niveau de ceux qui se rêvent déjà en « heureux élus » parmi les militants de partis ou les indépendants. Cette première impression est souvent confirmée par leurs prestations à la télévision ou à la radio. Leur discours sont pompeux mais creux, leurs tenues disharmonieuses, de bas de gamme, et leurs manières rustres. Faut-il s’étonner dès lors de la désaffection, parfois l’aversion ou, pour le moins, le sarcasme que de telles attitudes suscitent chez les citoyens même en temps de calme plat ?

Mohamed Badaoui

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