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Le haut conseiller américain pour l’Afrique et le Moyen-Orient à Alger : Trump va-t-il reconsidérer sa position sur le Sahara ?

Le haut conseiller du président américain pour l’Afrique, les affaires arabes et le Moyen-Orient, M. Massad Boulos est arrivé ce dimanche à Alger à la tête d’une importante délégation, dans le cadre d’une tournée débutée le 22 juillet à Tunis puis en Libye. Hier, il a été reçu par le président de la république Abdelmadjid Tebboune.

Lors d’entretiens avec le ministre des affaires étrangères, Ahmed Attaf, les deux parties « ont salué le dialogue stratégique existant entre l’Algérie et les États-Unis, ainsi que la dynamique positive que connaît le partenariat bilatéral dans plusieurs domaines vitaux et prioritaires pour les deux pays, tels que la défense, l’énergie, l’agriculture, l’enseignement supérieur et la recherche scientifique.

Les deux parties ont également souligné le niveau de coordination entre les deux pays au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, et ont échangé leurs points de vue et analyses concernant les principales questions actuelles sur le continent africain, notamment l’évolution de la situation en Libye et au Sahara occidental, dans les régions du Sahel et des Grands Lacs, ainsi qu’en Afrique subsaharienne de manière générale.

L’ambassadrice des Etats-Unis en Algérie a précisé que M. Boulos, «mènera des discussions stratégiques en Algérie visant à renforcer les priorités communes entre les deux pays», sans donner plus de détails.

Boulos avait déclaré aux médias, à la mi-avril dernier, que l’administration américaine prévoyait de lancer une médiation entre l’Algérie et Rabat sur le conflit du Sahara occidental, dans le contexte du renouvellement du soutien de Washington à l’initiative d’autonomie marocaine, alors que le conflit reste en cours de traitement par l’ONU.

Faut-il rappeler que le président Donald Trump a reconnu, lors de son premier mandat la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, chose que l’Algérie a vivement dénoncé. La question aujourd’hui est de savoir si le nouveau Trump est prêt à reconsidérer sa position ? C’est la seule éventualité qui pourrait pousser l’Algérie à prendre au sérieux la démarche de son conseiller.

Dans son interview à Al Arabiya du 18 avril 2025, Boulos a clairement affirmé : « L’annonce américaine de soutien à la souveraineté marocaine sur le Sahara ne signifie pas que Washington n’est pas concernée par le rapprochement des points de vue entre le Maroc et l’Algérie»,

Dans un entretien avec El Independente, John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, a critiqué la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Il estime que cette décision, prise par Trump dans le cadre des accords d’Abraham, allait à l’encontre de la politique traditionnelle des États-Unis. Selon Bolton, Trump pourrait revenir sur cette position, notamment si ses intérêts économiques étaient en jeu.

Bolton déplore que l’administration Biden n’ait pas annulé cette reconnaissance, et réaffirme que la solution au conflit sahraoui passe par l’organisation d’un référendum, conformément à la résolution de l’ONU de 1991. Il accuse Rabat d’obstructionnisme depuis 25 ans, affirmant que le Maroc craint le résultat d’un vote libre et refuse tout compromis réel.

L’ancien diplomate défend clairement le Front Polisario, qualifié de représentant légitime du peuple sahraoui. Il rejette les accusations marocaines liant le mouvement à des groupes terroristes ou à l’Iran, les qualifiant de « pure propagande». Il souligne que le Polisario est resté modéré, malgré les bouleversements géopolitiques de la région, et rappelle que des ONG américaines actives dans les camps n’ont jamais constaté d’influence radicale.

Bolton rappelle son implication historique dans la mise en place du plan onusien pour le référendum et accuse le Maroc d’avoir violé ses engagements, notamment les Accords de Houston de 1997. Il critique aussi la passivité de l’Espagne et souligne l’importance stratégique du Sahara occidental pour apaiser les tensions entre le Maroc et l’Algérie. Il conclut en estimant que seule une solution politique conforme au droit international, avec un référendum, peut aboutir à une paix durable.

L’ONG américaine Defense Forum Foundation (DFF) a exhorté le président Donald Trump à œuvrer pour une résolution du conflit au Sahara occidental, estimant que mettre fin à ce conflit long de plusieurs décennies serait dans l’intérêt stratégique et moral des États-Unis. Dans une lettre ouverte, Suzanne Scholte, présidente de la DFF, affirme que cela favoriserait la stabilité, la prospérité régionale et respecterait les principes fondateurs de l’Amérique.

Elle critique le plan d’autonomie marocain, rejeté par les Sahraouis qui refusent toute forme d’occupation, dénonçant la brutalité persistante dans les territoires sahraouis sous contrôle marocain. Scholte cite plusieurs ONG internationales, dont Amnesty International, Human Rights Watch et Freedom House, qui documentent ces violations et classent le Sahara occidental parmi les pires zones en matière de droits humains.

Elle souligne que le processus onusien de référendum, lancé en 1991, est resté lettre morte, et déplore que des lobbyistes américains soient payés pour défendre les intérêts marocains auprès du Congrès.

Enfin, la DFF, qui a récemment visité les camps de réfugiés sahraouis, appelle Trump à saisir l’opportunité historique de promouvoir la paix, la justice et le retour des réfugiés, contribuant ainsi à apaiser les tensions dans une région stratégique pour les États-Unis.

Sid Ali

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