Une guerre d’un nouveau type. Il s’agit de la guerre de la dette. Les pays riches, à leur tête les USA, comme les pays pauvres s’endettent de manière exponentielle pour faire face aux contraintes budgétaires ordinaires et pour financer les dépenses de ces guerres à l’horizon. Certains pays du Sud sont au bord de la faillite, Egypte, Maroc, Mozambique, Venezuela ….
En occident aussi la situation de certains pays est critique, même s’ils produisent beaucoup de richesses. C’est le cas notamment du Japon (266 % du PIB), Italie (150%) des EU (137 %), de la France (113%) du Canada (112%) ; Parmi les économies fortes seules la Chine et l’Allemagne maintiennent un niveau maitrisé d’endettement, moins de 70% du PIB. La mise en défaut de paiement de certains pays risque de mettre en péril le système bancaire et avec lui toute l’économie mondiale. C’est pourquoi, la dette de certains pays peut être exploitée par d’autres à des fins politiques, géopolitiques et diplomatiques et pousser à des conflits majeurs. Sans parler de l’inflation entretenue par l’endettement (Egypte, Maroc, UE, Turquie….). ..
Comme partout dans le monde, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie a alimenté de fortes pressions inflationnistes en 2022. L’inflation est restée élevée sur l’ensemble des continents et a atteint deux chiffres dans 18 économies africaines, ce qui a exercé une pression supplémentaire sur les budgets publics, les États ayant augmenté les dépenses sociales à travers des subventions et des transferts en espèces afin d’atténuer les impacts de la hausse des prix sur les populations vulnérables, ont été obligés de s’endetter soit auprès de leurs banques centrales par la création monétaire, soit auprès des marchés financiers.
Par ailleurs, l’Afrique est confrontée à plusieurs risques de détérioration de ses perspectives de croissance qui incitent à un optimisme prudent. Le resserrement des conditions financières mondiales et l’appréciation du dollar américain ont exacerbé les coûts du service de la dette et pourraient accroître à la fois le risque de défaut de paiement et celui de l’inflation. Selon la Banque mondiale, « La dette publique moyenne en Afrique est estimée à 66 % du PIB en 2022, contre 68 % en 2021, grâce à des initiatives d’allègement de la dette dans certains pays, elle restera supérieure aux 61 % du PIB d’avant la pandémie. En outre, ce ratio dette/PIB devrait grimper à 66 % en 2023, puis se stabiliser autour de 65 % en 2024, en raison des besoins de financement croissants liés à l’augmentation des factures d’importation de denrées alimentaires et d’énergie, des coûts élevés du service de la dette dus aux hausses des taux d’intérêt, des dépréciations des taux de change, et des risques de refinancement ».
Cette situation d’endettement généralisé des Etats, (riches et pauvres) crée une tension sur les marchés du crédit et provoque une concurrence accrue pour l’accès aux prêts. Le système financier et monétaire mondial est réellement menacé d’un écroulement. Les institutions internationales, mondiales ou régionales, ont-elles les capacités de juguler ces risques et éviter le pire ? Rien n’est moins sûr.
L’Algérie n’est pas très endettée : sa dette intérieure est à peine de 63% du PIB alors que la dette extérieure est marginale. Mais les déficits budgétaires cumulés inquiètent et la faiblesse des investissements productifs préoccupent. C’est avec ces investissements que l’on peut espérer dégager des surplus financiers pour supporter les charges d’intérêt et rembourser le principal.
Anouar El Andaloussi