Des familles algériennes vivent dans l’inquiétude de perdre un des leurs dans le conflit qui se déroule actuellement en Ukraine. Le directeur de la communication des AE parle de 1400 algériens séquestrés en pleine zone des opérations.
Plusieurs familles algériennes subissent dans leur chair les conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Avoir un enfant qui étudie ou travaille dans une zone de conflit majeur doit être particulièrement traumatisant. L’une d’elles a même perdu le sien, Mohamed Abdelmonaim Talbi, mort à Kharkiv le 26 février et dont la dépouille est restée sur place.
Le directeur de la communication du ministère des Affaires étrangères a, dans une déclaration au quotidien El Chourouk, parlé de 1400 nationaux séquestrés aux frontières, apparemment par des nationalistes ukrainiens.
Abdelhamid Abdaoui a indiqué que les autorités sont en train de préparer un plan d’évacuation des ressortissants bloqués par le conflit en organisant des vols spéciaux. Les choses sont cependant compliquées puisque ces personnes sont prises en sandwich entre les combattants des deux belligérants. Seuls 76 chanceux ont, pour l’instant, pu regagner le pays. Les autres expatriés tentent, quand ils le peuvent, de fuir le théâtre des combats en passant par la Roumanie ou la Pologne. Toutefois, même cette issue peut être périlleuse pour des étrangers à la peau foncée et aux origines non européennes. Des rapports font état de discriminations racistes et de maltraitances commises contre les Africains, les Moyen-orientaux, les Asiatiques ou les autres émigrants basanés.
Il s’agit là de l’autre face hideuse que ce conflit préoccupant pour la paix dans le monde est en train de révéler. Les autorités ukrainiennes et européennes font appel à la solidarité internationale pour stopper les soldats de Vladimir Poutine tout en permettant des exactions contre de paisibles résidents venus d’ailleurs. L’ambassade d’Ukraine à Alger a même publié vendredi, sur son compte Facebook, un appel au recrutement de volontaires pour servir de chair aux canons du Kremlin. La représentation diplomatique a invité les candidats à la mort de rejoindre ses forces de défense territoriales au sein d’une sorte de légion étrangère. Ils doivent, au préalable, remplir le formulaire joint à sa publication. Cet engagement constitue, selon elle, la preuve du soutien envers les Ukrainiens et leur pays.
La chancellerie a été aussitôt rappelée à l’ordre par les Affaires étrangères qui ont considéré ce précédent de fait grave et de violation des dispositions de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques entre les États. D’ailleurs, Abdelhamid Abdaoui a rejeté, dans les propos rapportés par El Chourouk, toutes les tentatives d’impliquer l’Algérie dans un conflit qui ne la concerne pas.
L’Algérie observe depuis le déclenchement de l’assaut russe contre l’Ukraine une parfaite neutralité, en dépit de la profonde amitié qui la lie depuis son indépendance à Moscou. Elle résiste, d’autre part, à la tentation de profiter de la conjoncture pour améliorer ses rentrées. Pourtant, étant un grand exportateur gazier, le pays subit la sollicitation de l’Union européenne pour exporter davantage de carburant via ses pipelines vers l’Espagne et l’Italie en vue de compenser une éventuelle défection russe.
Sur le plan diplomatique, le camp occidental multiplie les appels en direction des pays qui veulent rester à l’écart du bras de fer historique qui l’oppose à la Russie alors que l’Otan craint de tirer ne serait-ce qu’une balle pour sauver l’Ukraine. Alger sera également soumise à cette pression pour se déterminer. Le 9 et le 10 mars, la secrétaire d’État adjointe américaine Wendy Shermann viendra discuter de ces questions avec les plus hautes autorités du pays.
Mohamed Badaoui