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France-Algérie : des personnalités appellent à relancer le dialogue diplomatique

Alors que les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie sont quasiment gelées depuis plusieurs mois, une lettre ouverte publiée sur le site Mediapart appelle à une relance urgente du dialogue entre les deux pays. Signée par des intellectuels, chercheurs, artistes et militants algériens, français et franco-algériens, cette initiative veut redonner un souffle à un lien profondément abîmé.

Faut-il signaler, pour autant, qu’aucune personnalité, parmi les signataires, ne réside pleinement en Algérie. Et que cette lettre traite la crise-algéro-française sur la base de « responsabilité » partagée. Hors, il s’agit, bel et bien d’une campagne clairement raciste et haineuse de la part du pouvoir français en place contre l’Algérie. C’est pourquoi, il serait difficile pour l’Algérie d’accepter n’importe quel dialogue.

Une relation historiquement instable

La relation franco-algérienne est depuis longtemps marquée par un lourd passé colonial, hérité de 132 années de domination française en Algérie, de 1830 à 1962. La guerre de libération (1954-1962), l’une des plus sanglantes de la décolonisation, a laissé des plaies profondes, toujours ouvertes des deux côtés de la Méditerranée. Malgré l’indépendance et les accords d’Évian, le contentieux mémoriel, les cicatrices sociales et les tensions politiques ont régulièrement ressurgi.

Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, des gestes d’apaisement ont été esquissés : reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans la mort de Maurice Audin, tentative de travail commun sur les questions mémorielles, visite d’État en Algérie en 2022, et projets de coopération dans plusieurs domaines. Mais ces efforts se sont progressivement effondrés. La raison est que le président français n’a pas su garder une position ferme. Hanté, qu’il est par ses déboires électoraux. Sa seule assurance pour une fin de mandat paisible est le soutien qu’il espère de l’extrême droite

Une crise politique ouverte en 2024

La crise actuelle a éclaté à l’été 2024 lorsque le président Macron a officiellement reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, une position en totale contradiction avec celle d’Alger, défenseuse du droit à l’autodétermination sahraoui. Cet acte diplomatique a été perçu comme une provocation majeure par les autorités algériennes.

À cela se sont ajoutées d’autres tensions, notamment :

•             l’incarcération de l’écrivain algérien Boualem Sansal, accusé de « propagande subversive » contre l’unité nationale.

•             le contentieux autour des expulsions de ressortissants algériens sous le coup d’une OQTF (obligation de quitter le territoire français), sujet sensible réactivant les tensions migratoires.

Depuis, les deux capitales ne se parlent plus officiellement, les canaux diplomatiques sont gelés, et aucune rencontre bilatérale n’a été organisée.

Un appel à la responsabilité politique

Dans ce contexte, la lettre publiée par une trentaine de personnalités académiques, culturelles et militantes se veut un sursaut civique face au silence diplomatique. Les auteurs s’adressent directement aux présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron :

« Vous avez le pouvoir et le devoir d’ouvrir une voie de sortie de crise : rétablir un dialogue franc, traiter avec courage et honnêteté les questions mémorielles, renforcer les échanges humains, culturels et économiques. »

Pour retrouver « l’esprit de sortie de guerre »

Les signataires plaident pour une vision politique d’envergure, capable de renouer avec « l’esprit des hommes d’État qui, après la guerre d’Algérie, ont su trouver les chemins de la paix ». Ils rappellent que l’avenir de cette relation ne doit pas être abandonné à des crispations conjoncturelles, mais qu’il concerne les générations futures et l’image des deux nations sur la scène mondiale.

Parmi les signataires : Lyazid Benhami, président du Groupe de Réflexion sur l’Algérie (GRAL), Aïssa Kadri, professeur et ancien directeur de l’Institut Maghreb-Europe, les historiens Alain Ruscio et Gilles Manceron, la professeure Catherine Brun (Sorbonne Nouvelle), la cinéaste Viviane Candas, le juriste Hocine Zeghbib, ancien directeur du master européen « Migrations Inter Méditerranéennes », et bien d’autres figures investies dans le dialogue entre les deux rives.

Une relation à réinventer

En conclusion, cet appel met en lumière l’urgence d’une refondation du lien franco-algérien, qui ne peut reposer uniquement sur le passé, mais doit se projeter dans une coopération respectueuse, équitable et tournée vers l’avenir. Il rappelle aussi que ce lien, malgré ses blessures, reste vivant dans la société civile, dans la mémoire partagée, et dans l’histoire intime de millions de familles.

Il se trouve que pour les Algériens, l’histoire de cette mémoire est perçue autrement que par une classe politique française rêvant encore d’une Algérie française.

Synthèse : Abir.N

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