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Filière de la viande rouge : le programme de développement a raté ses «objectifs stratégiques»

Le secteur public de la filière des viandes rouges, représenté par ALVIAR et ses démembrements est marqué par des difficultés paralysantes et une faible performance, remettant en cause la viabilité économique du programme.

Le programme visant notamment le développement intégré de l’amont et de l’aval de la filière des viandes rouges et la régulation du marché y afférent mis en place en 2010 par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural n’a pas tenu ses promesses. C’est en gros la quintessence de la trentaine de pages du rapport de la Cour des comptes, rendu public samedi 02 décembre, dédiée à la filière des viandes rouges. «Les travaux d’audit menés par la Cour font apparaître que si dans ses volets relatifs à la restructuration de la filière, renforcement des capacités financières de la nouvelle société et réalisation du plan d’investissement, le programme a été quasiment mené à terme à fin 2022, il n’en demeure pas moins que les objectifs stratégiques qui lui sont assignés, à savoir le développement intégré de l’amont et de l’aval de la production des viandes rouges, la régulation du marché et le renforcement du contrôle sanitaire, ne sont pas atteints», a-t-on relevé dans le rapport.

Ce programme a créé une nouvelle entreprise dénommée « Algérienne des viandes rouges ALVIAR » en renforçant de ses capacités financières par l’assainissement financier des quatre (04) filiales qui lui sont rattachées et en mettant en œuvre un plan d’investissement pour la réhabilitation et la mise à niveau de certaines infrastructures existantes et la réalisation de trois complexes régionaux de viande rouge (CRVRs). «Nonobstant, les lenteurs qui ont caractérisées l’exécution du plan d’investissement dont les délais devaient s’étaler de 2010 à 2014 et l’ accroissement du coût de sa réalisation, les résultats obtenus en termes de développement des capacités de production, de traitement et de distribution des viandes rouges de la nouvelle société sont loin des projections établies dans le business plan», a insisté la Cour des comptes qui, en 2022, a mené une opération de contrôle thématique intitulée « évaluation des actions de modernisation des unités de transformation de viandes et la construction de nouveaux complexes d’abattage ».

Allant dans le détail, l’organe de contrôle a précisé qu’«en amont, faute d’une mise en œuvre d’un plan de développement de l’élevage, l’effectif du cheptel détenu par ALVIAR, tout au long des années 2010 à 2021, n’a pas dépassé 5 à 6% des prévisions arrêtées». «En aval, les prestations d’abattage réalisées depuis la mise en exploitation des nouvelles infrastructures, représentées notamment par les trois CRVRs, traduisent un taux d’utilisation des capacités d’abattage inférieur à 2% sur la période allant de 2016 à 2021», a-t-il poursuivi. Ne s’arrêtant pas là, la Cour présidée par  Abdelkader Benmarouf a indiqué que «le secteur public de la filière des viandes rouges, représenté par ALVIAR et ses démembrements est marqué par des difficultés paralysantes et une faible performance, remettant en cause la viabilité économique du programme».

Avec toutes ces faiblesses pointées par ce rapport, il reste que la filière des viandes rouges (bovin, ovin, caprin et camelin) est classée la première en termes de chiffre d’affaires réalisé par rapport aux autres filières du secteur agricole. «En 2021, elle a réalisé un chiffre d’affaires de près de 700 Mrds DA (à raison de 1 300 DA/KG), ce qui équivaut à près de 5 Mrds $, représentant plus de 17% du chiffre d’affaires du secteur agricole. La production y afférente a atteint près de 537 000 tonnes (63% de viande ovine, 27% bovine, 7% caprine et 3% cameline), ce qui assure une disponibilité moyenne de 12,04 Kg/habitant/an (pour 44 599 222 habitants). La moyenne internationale étant de 34 Kg/habitant/an », a détaillé la Cour des comptes.

Pour remédier à cette situation peu reluisante de la filière des viandes rouges, la Cour des comptes a émis deux recommandations :  «mettre en place un plan de développement de la production fourragère adossé à un plan de mobilisation des ressources hydriques comme mesures préalables pour une maîtrise de l’élevage bovin et ovin» et «revoir les termes et les conditions des interventions des autorités publiques dans la filière des viandes rouges à même de se réapproprier les instruments permettant la régulation du marché des viandes rouges, notamment à travers: l’encadrement et l’organisation du marché ; la mise en place d’un système d’information statistiques fiable ; la réactivation du rôle de l’autorité vétérinaire dans le domaine du contrôle sanitaire des abattoirs  et le renforcement des mécanismes de contrôle de la perception de la taxe sanitaire sur les viandes (taxe d’abattage)».

Pour sa part, le PDG d’Alviar a proposé plusieurs pistes pour relancer son entreprise (lier l’octroi aux des éleveurs de l’aliment subventionné par la conclusion de conventions commerciales avec l’entreprise ; Conclusion d’un accord avec le ministère de tutelle pour encadrer le processus de régulation du marché; Assainissement financier des fermes pilotes rattachées à l’entreprise ; Financement par des prêts à taux bonifiés des investissements dans les fermes pilotes ; soutien financier à la filière viande rouge se fasse en aval, c’est-à-dire sur le produit final, en subventionnant le prix de la viande directement au consommateur, etc).

Sofiane Ait Kaci

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