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Exclure le Hamas, imposer Blair : un plan occidental pour Gaza en question

Le journal israélien Haaretz a révélé lundi les grandes lignes d’un plan élaboré par l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair pour la gestion de la bande de Gaza une fois les hostilités terminées. Soutenue par la Maison-Blanche et non rejetée par Israël, cette initiative soulève déjà de vives critiques, notamment du côté palestinien.

Selon les informations rapportées, le plan prévoit la création d’un organisme transitoire international, baptisé GITA (Gaza International Transitional Authority), doté d’une structure hiérarchique complexe et d’un budget initial estimé à 387,5 millions de dollars sur trois ans. L’objectif : administrer Gaza après l’arrêt de l’opération militaire israélienne, sans implication du Hamas.

Une administration étrangère provisoire

Le document de 21 pages propose une gouvernance à plusieurs niveaux, avec à sa tête un conseil international composé de diplomates, d’hommes d’affaires et de représentants de pays à majorité musulmane. Ce conseil serait chargé de superviser la reconstruction, la sécurité, la législation et la coordination avec l’Autorité palestinienne.

Tony Blair est pressenti pour occuper le poste de président de cette instance, ce qui ferait de lui la plus haute autorité politique et diplomatique de Gaza durant la période de transition. Il serait chargé des relations internationales et sécuritaires, notamment avec Israël, l’Égypte et les États-Unis.

Pour les premières années, les responsables de GITA travailleraient depuis Al-Arich, Le Caire et Amman, avant d’envisager un transfert partiel à Gaza, dans un délai de trois ans.

Le plan prévoit la mise en place de trois forces de sécurité : une unité de protection de l’exécutif, destinée à assurer la sécurité du personnel de GITA, une police civile palestinienne, neutre et professionnellement formée, une force de stabilisation internationale, responsable de la sécurité des frontières, des ports, et de la lutte contre le terrorisme et la contrebande d’armes.

L’ombre de Trump et l’exclusion du Hamas

Cette proposition s’inscrit dans le cadre plus large du plan présenté par Donald Trump lors d’une réunion à l’ONU avec des dirigeants arabes et musulmans. Le plan de Trump prévoit un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages israéliens en 48 heures, et la mise à l’écart du Hamas de toute structure de gouvernance future.

Le Washington Post avait déjà rapporté que le projet envisageait de confier la gestion de Gaza à deux instances, internationale et palestinienne, sans participation du Hamas.

Le Hamas rejette catégoriquement

Sans surprise, le Hamas a vivement réagi à ces révélations. Dans un communiqué publié dimanche soir, Hossam Badran, membre du bureau politique du mouvement, a déclaré que Tony Blair est “une personnalité indésirable”, accusant l’ex-Premier ministre britannique de “complicité dans la guerre en Irak” et de “n’avoir jamais rien apporté de positif à la cause palestinienne”.

« Toute initiative associée à Tony Blair est un présage funeste pour notre peuple », a-t-il affirmé, estimant que Blair devrait répondre de ses actes devant des juridictions internationales.

Le Hamas a également précisé n’avoir reçu aucune nouvelle proposition de cessez-le-feu de la part des médiateurs, notamment depuis la tentative d’assassinat de membres de sa délégation à Doha, le 9 septembre.

Selon Haaretz, le plan prévoit qu’à terme, la gouvernance de Gaza soit transférée à l’Autorité palestinienne, mais aucune échéance précise n’a été fixée.

Parmi les personnalités évoquées pour intégrer le conseil international figurent notamment Sigrid Kaag, représentante de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, le milliardaire égyptien Naguib Sawiris, ou encore Mark Rowan, PDG américain d’Apollo Global Management.

L’accent est mis sur une représentation musulmane forte au sein du conseil pour garantir sa légitimité régionale.

Un financement strictement administratif

Le budget proposé s’élève à 90 millions de dollars pour la première année, 133,5 millions pour la deuxième, et 164 millions pour la troisième. Il s’agit exclusivement de frais administratifs, excluant les coûts liés à la reconstruction ou à l’aide humanitaire.

Alors que les combats se poursuivent à Gaza et que la situation humanitaire s’aggrave, cette initiative, bien qu’appuyée par Washington, semble encore loin d’un consensus, tant sur le plan politique que populaire.

L’Autorité palestinienne, de son côté, n’a pas encore réagi officiellement à ce plan controversé.

R.I

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