Après avoir, longtemps, refusé le recours à l’endettement extérieur, le président Tebboune à assoupli sa position et a inspiré à la Banque d’Algérie de nouvelles mesures pour encadrer toute demande d’emprunt à l’étranger.
L’Algérie figure parmi les pays les moins endettés vis-à-vis de l’extérieur. Elle doit moins de 6 milliards de dollars à des créanciers étrangers. Elle possède en même temps un matelas relativement confortable en devises. Ses réserves de change, bien qu’elles aient considérablement fondu par rapport à leur volume du temps de l’embellie, sont de l’ordre de 44 milliards de dollars. Ce stock est appelé à gonfler puisque les recettes extérieures tirées par les hydrocarbures augmentent. Avec un baril qui a bondi en quelques jours à près de 130 dollars, les rentrées du pays vont certainement s’améliorer.
Pour sa part, la dette publique de l’Algérie demeure dans des limites raisonnables même si elle a augmenté de quelque point, passant par exemple de 45,6% du produit intérieur brut (PIB) en 2019 à 51,4% en 2020. Celle-ci correspond à l’ensemble des emprunts contractés par l’État, la Sécurité sociale, les organismes divers d’administration centrale et les collectivités territoriales. Elle est donc interne au pays et ne le met pas à la merci d’organismes étranger qui peuvent, le cas échéant, aller jusqu’à piétiner sa souveraineté.
Cette situation qui suscite l’optimisme a encouragé le président de la République à renoncer au dogme qui était le sien par rapport à l’endettement extérieur. En tant que candidat à la magistrature suprême et après son élection au poste de chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune a répété maintes fois qu’il était radicalement opposé à emprunter de l’argent à quelque usurier. Sa position a maintenant changé mais reste conditionnée par le type de projet à financer. Récemment, il a évoqué la possibilité de faire appel à l’emprunt lorsqu’il s’agit de couvrir les dépenses d’infrastructure rentables à terme comme les chemins de fer, les barrages, les ports ou tout autre projet dont les retombées seront économiquement viables particulièrement s’ils permettent de fouetter les exportations et diminuer dans le même mouvement les importations.
Il est vrai, que chat échaudé craint l’eau froide, l’Algérie a souffert à la fin des années 1980 et tout au long 1990 d’un surendettement étouffant qui a nécessité un sévère plan d’ajustement structurel du FMI qui a produit des conséquences sociales et politiques désastreuses notamment une décennie de violence et de déstructuration de l’appareil national de production. La leçon est donc retenue. Oui à l’endettement extérieur pour financer ce qui rapporte même tardivement. Non aux crédits de consommation pour acheter de la nourriture ou tout autre besoin immédiat.
Sur ce point, la Banque d’Algérie a été très claire. Dans une note aux banques et aux établissements financiers, elle stipule que «seuls les projets stratégiques et structurants pour l’économie nationale sont éligibles aux financements extérieurs, auprès d’institutions financières internationales de développement, et ce, après avis des autorités compétentes». Elle a indiqué que «tout concours extérieur de quelque nature qu’il soit, qui ne s’inscrit pas dans ce cadre demeure considéré comme endettement extérieur et proscrit».
L’institution dirigée par Rosthom Fadli a insisté sur «l’impérieuse nécessité de veiller au strict respect des prescriptions légales». Autrement dit, si l’on croit la Banque centrale, le pis de la vache à lait qui abreuvait une oligarchie, formée en un temps record, est tari. Le temps où ceux-ci pompaient les deniers publics en se servant directement dans la tirelire pour aller ensuite acheter des biens à l’étranger est révolu. Que demande le peuple ?
Mohamed Badaoui