
Un chanteur de rue ou « street-songer» ,comme ont dit chez les anglo-saxons, embarqué par la police pour le motif de mendicité professionnelle et d’occupation illégale de la voie publique…ou quand la musique chez nous tourne au sale air du…rappeur menotté !
Ce musicien des rues ,(il en existe dans toutes les capitales du monde,) en perturbant la chronologie de nos existences routinières par quelques notes et quelques airs, se retrouve délinquant culturel et mendiant haut de gamme alors qu’il est juste un guitariste « aux 2 gammes » : chanteur et musicien indésirable.
Ah le chanteur de rue , quel bonheur dans ses mots et quel entrain dans ses notes…c’est une voix des confins appelant à l’amour à l’orée du réel.
Silence, ont dit les policiers ! Les intermittents du cœur ne veulent pas des intermittents du spectacle fut-il dans une rue qui s’y prête .
Avant hier, dans une artère célèbre de la capitale, rue Didouche in situ , un enfant de chœur ,sous le débauché troubadour , s’essayant à prodiguer un bonheur portatif à des populaces égarées , a été invité à visiter le panier à salade des experts en gestion démocratique des foules.
Le toucher intime des doigts sur une guitare, devient le mobile du flagrant délire d’une autorité , d’un système qui a toujours confondu entre l’art et l’ar…bitraire, l’art et la manière , l’art et la matière .
Les « parkingueurs » peuvent squatter à loisir des quartiers entiers…cela est permis , voire encouragé. Les ambulants peuvent écouler leurs fruits au milieu des détritus, c’est toléré et procède de la paix sociale. Mais un musicien s’essayant à rendre moins pénible la traversée des rues d’Alger…Non et niet.
Dans les rues d’Alger , comme dans toutes les villes d’Algerie, cela fait longtemps que la balade des gens heureux tourne à la déprime sur trottoir triste.
« Je suis le vagabond , le marchand de bonheur, je n’ai que des chansons… », chantait-on jadis…L’air tourne au récital chez les sourds.