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Education nationale : la mystérieuse disparition de 113 mille élèves nés en 2006

Les chiffres publiés par l’Office national des examens et concours sont troublants. Ils révèlent l’absence de dizaines de milliers d’enfants inscrits en 2012 mais qu’on ne retrouve pas cette année à l’épreuve du BEM.

Les jeunes qui vont passer l’épreuve du Brevet de l’enseignement moyen (BEM) sont âgés de 15 ans. Ils ont donc vu le jour en 2006 ; une année où l’Algérie avait enregistré plus de 739 000 naissances. Six ans plus tard, ces enfants, hormis ceux qui sont morts, ont été tous scolarisés et ont poursuivi obligatoirement leur parcours entamé en 2012 jusqu’à l’examen du BEM.

Très peu d’entre eux seront exclus ou doubleront fréquemment les années. En outre, les décès dans cette tranche d’âge, qui constitue 30% de la population totale, sont rares, exception faite de la première année où les nourrissons sont les plus exposés au regard de leur fragilité. Le taux de mortalité infantile en Algérie est cependant bas et ne cesse de décroître au fil des années.

Aussi, en comparant le nombre des candidats encore scolarisés inscrits au BEM de cette année, soit 625 223, avec les 738 698 algériens nés vivants en 2006, on se rend compte que 113 475 enfants manquent à l’appel. Même en incluant la mortalité infantile et générale, le doublement des années, les expulsions des bancs d’école, le déficit reste énorme.

Hypothèses

Quelle explication peut-on donner à cette disparition de masse ? Première hypothèse : le chiffre avancé par l’Office national des examens et concours (Onec) est faux. Le nombre d’élèves admis à l’examen du BEM est supérieur au volume recensé par l’organisme.

Deuxième hypothèse : la déperdition et l’échec scolaire dans les cycles primaire et moyen atteignent des proportions inquiétantes. La troisième conjecture laisse entrevoir la possibilité de la non inscription de dizaines de milliers d’enfants à l’école obligatoire en 2012.

Sur papier, le nombre n’indique pas l’ampleur de la perte. Imaginez, cependant, que trois stades de 38 mille places remplis à ras bord par des écoliers se volatilisent et dispersent dans le pays une génération d’analphabètes.

Déséquilibre

Sur un autre plan, le bilan publié par l’Onec fait état d’un déséquilibre important entre les gentes masculine et féminine qui terminent cette année le cycle moyen. Ainsi, sur 625 223 candidats scolarisés, 292 767 sont des garçons et 332 456 sont des filles, soit une différence de près de 40 mille (un stade entier). Chez les candidats indépendants qui sont au nombre de 15 964, le rapport s’inverse puisque 11 100 adolescents concourent avec 4864 adolescentes qui refont l’examen, soit 4236 garçons de plus.

Budget colossal

Ces statistiques confirment une tendance observée depuis des années à tous les niveaux de l’enseignement, y compris à l’université : les Algériennes réussissent mieux leurs études que les Algériens.

Tout cela évidemment est considéré du point de vue de la quantité. Qualitativement, l’Education nationale qui jouit d’un budget colossal peine à fournir des cohortes de diplômés doués d’un bagage intellectuel, technique et d’un capital culturel de haut niveau. La formation de base, malgré un programme dense, surchargé, demeure peu efficiente. Le niveau général des élèves algériens paraît faible par rapport à leurs congénères de certains pays qui investissent pourtant moins d’argent dans l’enseignement. Le système éducatif continue d’enserrer l’apprenant dans un carcan qui empêche le développement de son esprit critique, créatif et de synthèse tout en le considérant comme un simple contenant à remplir de données.

Une fois à l’université, l’étudiant souffre de cette impréparation à prendre l’initiative pour aller chercher par lui-même le savoir et développer ainsi ses compétences scientifiques et intellectuelles. C’est le principal motif qui empêche les universités algériennes d’améliorer leur classement dans le gotha mondial.

 Mohamed Badaoui

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