Dans l’interview accordée par le président de la république à la chaine qatarie Al-Jazeera, une question a retenu l’attention de l’opinion publique : la situation en Libye et la bataille de Tripoli.
Lors de la tentative du maréchal khalifa Haftar d’occuper la capitale libyenne par la force, Abdelmadjid Tebboune avait déclaré que Tripoli était une ligne rouge.
Dans cette l’interview le chef de l’Etat a donné le vrai sens de sa déclaration, à savoir que l’Algérie était prête à intervenir militairement en Libye pour empêcher la chute de la capitale Tripoli entre les mains des troupes de l’Est.
«On ne pouvait accepter qu’une première capitale maghrébine et africaine soit occupée par des mercenaires», a expliqué le président Tebboune, qui a été interviewé par le journaliste algérien Abdelkader Ayad. « On allait intervenir », a-t-il révélé. « Militairement ? », a demandé le journaliste.
« On allait intervenir d’une façon ou d’une autre », a répondu le président
« On ne pouvait rester les bras croisés », a insisté Tebboune, qui a rappelé que l’Algérie avait dit que Tripoli était une « ligne rouge ». « Quand on avait dit ligne, c’était vraiment ligne et le message a été compris et Tripoli n’a pas été occupée », a assuré le chef de l’État.
Soulignant que l’instabilité de la Libye a eu des répercussions sur la situation au Mali et au Sahel, le Président a fait état de “caravanes chargées d’armes lourdes et légères repérées par satellites en direction de la région du Sahel sans être interceptées”.
“De tels actes avaient pour objectif de cerner l’Algérie pour faciliter son infiltration et c’est pourquoi nous œuvrons à renforcer davantage notre armée”, a ajouté M. Tebboune qui précise que les dernières manœuvres militaires visaient à “assurer l’état prêt des troupes en cas d’urgence”.
En janvier 2020, le président Tebboune a déclaré que l’Algérie considérait Tripoli comme une « ligne rouge, que personne ne doit franchir ». Il s’exprimait dans un communiqué de la Présidence publié à l’issue d’une audience qu’il a accordée à Fayez al-Sarraj, président du Gouvernement d’union nationale libyen (GNA) à l’époque.
Quelques jours après cette déclaration, l’ANP a mené des manœuvres militaires à In Salah à la frontière avec la Libye, alors que la mise en garde lancée par Tebboune intervenait au moment où ce pays était en proie à une guerre fratricide entre les troupes du maréchal Haftar et celles du GNA pour le contrôle de la capitale de Tripoli.
Un accord de cessez-le-feu a été signé entre les belligérants en octobre 2020, et un nouveau chef de gouvernement de transition Abdelhamid Dbeibah a été installé en février dernier, à l’issue d’un processus politique parrainé par l’ONU. Il a remplacé le GNA, qui était reconnu par l’ONU, et le cabinet parallèle d’Abdallah al-Theni, basé en Cyrénaïque, dans l’Est, bastion du maréchal Haftar.
L’Algérie a apporté son soutien au nouveau gouvernement libyen dont la mission est d’organiser des élections dans le pays le 24 décembre.
Abir N.