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Bureaucratie : le puissant ennemi intérieur

Après le président de la République, le ministre du Commerce se plaint à son tour de la bureaucratie. Selon lui, la machine a retardé la distribution des viandes importées pour stabiliser le marché durant le ramadan.

Le ministre du Commerce a accusé la bureaucratie d’être responsable du retard de la distribution, à toutes les régions du pays, des viandes importées pour couvrir les besoins des consommateurs durant le mois du ramadan.

Faisant apparemment référence aux Douanes qui «seront contactées à ce sujet», Tayeb Zitouni a appelé à libérer «dans les meilleurs délais» tous «les produits achetés, domiciliés et autorisés notamment les matières premières et les intrants», au regard de «leur impact sur la production nationale».

Cet aveu d’impuissance exprimé, lundi, au Forum de la Radio algérienne, par un membre du gouvernement, met à nu une machine bien rodée, mais qui fonctionne à l’envers des intérêts du pays et de sa population. L’Etat s’est doté d’une législation extrêmement sévère pour combattre les spéculateurs, mais le ver est dans le fruit de l’administration.

Il y a un mois, le président de la République avait lui-même piqué une colère noire contre la bureaucratie qui, d’après lui, a confondu défense de l’économie nationale avec «protectionnisme» outrancier. Un monstre qui pèche également par des échéances «élastique», des chiffres «approximatifs», des décisions qui «perturbent» le quotidien des citoyens et celui des opérateurs économiques. «L’autosuffisance n’existe dans aucun pays au monde, les importations sont nécessaires», a martelé le président. Le contrôle, a-t-il expliqué, doit tendre à mettre fin aux surfacturations, source de transferts illégaux d’importantes sommes en devises, qui se chiffrent en milliards de dollars.

La stabilité du marché et son approvisionnement régulier, en particulier durant le mois sacré qui donne lieu à un pic de consommation, constituent actuellement un enjeu prioritaire.  

Le problème est d’autant plus sérieux que la situation sociale repose sur un équilibre fragilisé par le recul important du pouvoir d’achat de la grande majorité des Algériens, à un temps où les occasions de dépenses se sont multipliées.

D’un point de vue général, la bureaucratie algérienne qui est l’une des plus étouffantes au monde prive le pays de la possibilité de prendre son élan et utiliser l’immense potentiel qu’il recèle.

Les opérateurs économiques, les citoyens (et aujourd’hui le gouvernement) se plaignent des lourdeurs, de la perte de temps que la complexité des procédures et leur opacité occasionnent à leur affaires. Les investisseurs étrangers rechignent eux aussi à s’installer en Algérie à cause des freins, de la suspicion excessive qui polluent son climat d’affaires.

Le gros monstre vieillissant de la bureaucratie, a expliqué le président Tebboune l’an dernier, «n’est autre qu’un ensemble de pratiques autoritaires suspectes, accumulées depuis 30 à 40 ans par des individus si bien introduits dans l’administration qu’on les croirait représentants du Pouvoir».

C’est, en d’autre termes, un ennemi de l’Etat qui, tel un parasite, se nourrit de l’Etat, le rend malade et empêche son épanouissement. C’est ce corps nuisible, vicieux, qui s’oppose à la numérisation des activités de l’administration publique pour agir dans l’ombre au préjudice de l’intérêt général et du développement du pays.

La phratrie bureaucratique a ainsi bloqué l’essor de l’Algérie et risque aujourd’hui d’attenter à sa stabilité pour servir les micmacs d’une clientèle restreinte au détriment de la majorité.

Mohamed Badaoui 

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