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Benjamin Stora : l’abrogation de l’accord 68, c’est remettre en cause les accords d’Evian

L’historien français spécialiste de la guerre d’Algérie, Benjamin Stora, a rappelé, dans une interview accordée à la revue Historia que l’abrogation de l’accord de 1968 «voudrait dire que ce qu’a signé le général de Gaulle en 1968 n’était pas bon – or, revenir sur cette signature-là me semble être une remise en cause implicite, inconsciente, de ce que le président français avait aussi signé en 1962, c’est-à-dire les accords d’Évian », a-t-il déclaré.

Pour lui, il faudrait « plutôt passer par des négociations pour prendre en compte ce que la situation a de particulier ».

« De nombreux Algériens ou Franco-Algériens vivent en France. Cela pose la question du flux que cela engendre naturellement d’une rive à l’autre, de par les liens familiaux qui existent, la nécessité de rencontres, de participer aux fêtes, aux événements communs… Cela crée un espace mixte franco-algérien considérable, qui est, de toute façon, un legs de notre histoire. Dès lors, cela nécessite que les deux pays en discutent ensemble et négocient », développe Benjamin Stora.

Stora a rappelé que le point de bascule de la crise actuelle entre l’Algérie et la France «a été la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara occidental ». Ce fut « pendant l’été 2024 », rappelle-t-il. « À partir de là, les autres points de désaccord (…) se sont intensifiés ou sont venus s’ajouter ».  La question des OQTF est secondaire et elle n’est intervenue que suite à cette provocation. L’historien a souligné qu’avant ce changement, l’Algérie acceptait le retour sur son sol de ses ressortissants frappés d’une OQTF en France « davantage que les autres pays ».

Pour cet spécialiste de l’Algérie, « Le point de paralysie qui existe entre les deux pays actuellement est le plus important depuis l’indépendance de l’Algérie, en 1962 »

Et d’expliquer : « Certes, d’autres moments de crise ont existé au fil des décennies, comme lors de la nationalisation des hydrocarbures par l’Algérie, en 1971, ou lorsque celle-ci a interrompu le processus électoral en 1991 et que François Mitterrand s’y est opposé. Mais, cette fois-ci, la tension me semble plus profonde qu’elle n’a jamais été ».

Ab.N

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