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Belmadi et légionnaires entrent en scène

Tout le monde attend au coin l’équipe d’Algérie pour mettre un terme à son ascension fulgurante depuis 2018. A ce stade, l’enjeu dépasse le cadre du sport pour revêtir un caractère géopolitique puisque la sélection a considérablement dopé le soft power du pays.

L’équipe nationale de football dispute aujourd’hui à 14 heures son premier match de la Coupe d’Afrique des nations qui se déroule depuis deux jours au Cameroun. Sa participation à cette édition, exceptionnelle à bien des égards, est attendue non seulement sur le plan sportif mais également politique. Car, avec sa sélection, l’Algérie a gagné en soft power et suscite maintenant l’admiration, la crainte et, bien sûr, les jalousies.

On sait très bien que le football et le sport en général optimisent l’image des nations, leur donnant parfois un poids sur l’échiquier international disproportionné par rapport à leur taille réelle. Le Brésil et l’Argentine sont senties comme des superpuissances, juste parce qu’elles dominent une discipline qui se joue avec une balle ronde. Lorsque leur nom est évoqué, la planète entière éprouve le respect et applaudit.

Sur le rectangle vert, ce ne sont pas 22 jeunes gens qui courent derrière un cuir gonflé, mais des représentants d’un peuple dont ils défendent, comme dans une guerre symbolique, les couleurs et l’honneur. C’est ainsi qu’est perçu le sport-roi : une occasion de déployer les drapeaux, d’entonner les hymnes, de mobiliser les foules pour vaincre à tout prix. En cas de défaite, c’est un brûlant sentiment de détresse qui s’empare de la population.

On l’a vu lors de la dernière Coupe arabe des nations organisée par le Qatar dont l’équipe d’Algérie A’ avait ravi de haute lutte le trophée. La bataille algéro-marocaine lors des quarts de finale a suscité une atmosphère digne d’une confrontation totale où le vainqueur a dramatiquement terrassé l’adversaire sur le terrain mais aussi au plus profond de l’âme. Le but de Bellaïli a été comparé à un missile intercontinental qui a frappé le royaume au cœur et détruit ses sentiments.

Evidemment, ce n’est qu’un jeu mais la rencontre a eu lieu dans un contexte de relations diplomatiques extrêmement tendues entre les deux pays voisins. Ses répercussions ont donc dépassé le cadre du sport pour prendre une dimension de conflit entre deux belligérants.

Le Maroc rêve maintenant d’une revanche pendant la CAN du Cameroun, mais il y a loin de la coupe aux lèvres. L’escadron de Djamel Belmadi a d’autres ambitions, celui de battre le record d’invincibilité détenu par l’Italie puis remporter sa troisième consécration continentale avant de sauter par-dessus le dernier barrage sur le chemin du prochain mondial. C’est pourquoi, l’équipe déchaîne les bonnes et les mauvaises passions, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Les Algériens ont décidé d’attribuer à Belmadi le ministère du bonheur et ses rivaux espèrent le vaincre pour mettre un terme à son ascension fulgurante. Certains en parlent avec une verve qui frise l’obscène. C’est dire l’enjeu de l’actuelle CAN.  

L’homme a réussi à imposer son style direct, franc et sans concession. Il est parfaitement instruit des pièges qui risquent de stopper son avancée, à commencer par son propre ego et celui de ces joueurs. Alors, il cultive l’humilité et réfrène les poussées d’autosuffisance de ses capés. Il ne s’empêche pas, cela dit, d’exiger des conditions de travail à la hauteur de son sérieux et de sa rigueur. On se souvient de son coup de gueule contre la gestion du stade Tchaker dont la pelouse était, selon lui, indigne de l’équipe nationale qui allait y disputer un match de qualification de Coupe du monde contre Djibouti.

La polémique suscitée par ses propos a vite gonflé pour devenir un brûlant sujet de l’heure et un motif de critiques acerbes contre tous les dirigeants du pays. La tutelle a alors été contrainte de réagir sur-le-champ en limogeant le directeur de la Jeunesse et des sports de la wilaya de Blida et, plus tard, d’autres responsables du secteur. Belmadi a été, pour sa part, salué par l’opinion publique comme un responsable modèle qui devrait inspirer toute l’élite politique du pays.

C’est ce caractère hors normes qui a séduit les Algériens, qui les encourage à espérer dans des lendemains meilleurs même si leur quotidien dit souvent le contraire.

Mohamed Badaoui    

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