Amer, même s’il se dit satisfait, Abdelmadjid Attar quitte, au bout de huit mois seulement, la tête du ministère de l’Energie alors que le cours du pétrole remonte tandis que le pays a besoin de solutions urgentes pour développer et diversifier son économie.
C’est un Abdelmadjid Attar contrit et visiblement déçu qui a pris la parole lors du passage du témoin à Mohamed Arkab, son remplaçant à la tête du ministère de l’Energie qui a absorbé à l’occasion celui des Mines.
L’homme n’a visiblement pas encaissé son limogeage brutal, après huit mois d’exercice, du poste sur lequel repose, depuis une cinquantaine d’année, le destin du pays. De manière sibylline, Attar attribue son débarquement rapide à sa méthode de travail «bousculante» car motivée, comme il l’a justifiée, par la volonté du président de la République qui voulait, en le nommant, « aller vite ».
Le ministère agissait comme une administration manquant totalement de visibilité et de réactivité, selon lui. Il fallait donc le secouer durant une période marquée par l’incertitude, la baisse des revenus du pays et l’impact ravageur de la pandémie du Covid-19.
L’ex-ministre a néanmoins exprimé sa satisfaction d’avoir pu pousser son équipe à produire les textes de la nouvelle loi pétrolière en un temps record. C’est la première fois depuis 1986, a-t-il souligné, qu’une telle prouesse a eu lieu en moins d’un an. Il a en outre mis en exergue l’installation d’une task force chargée de préparer le prochain appel d’offres au partenariat international d’exploration-production. Cette structure présidera au choix des intervenants étrangers dans le secteur de l’énergie, particulièrement en matière d’hydrocarbures ; un casting crucial pour la réussite des projets.
Passation de consigne pendant que le pétrole repart à la hausse
Il a, en outre, conseillé à son successeur, Mohamed Arkab, de poursuivre l’amendement de la loi sur l’électricité de 2002, devenue à ses yeux totalement obsolète eu égard au développement technologique dans ce domaine.
La passation de consignes a eu lieu alors que le cours du pétrole repart à la hausse sur le marché mondial après un fléchissement des courbes depuis de longs mois. L’Algérie qui tire, directement ou indirectement, 98% de ses recettes extérieures de l’exportation des énergies fossiles garde un œil inquiet sur les fluctuations de sa principale richesse sur le marché.
La transition énergétique, chère à Chems-Eddine Chitour qui, lui, garde sa place au gouvernement, n’aura pas lieu de sitôt. L’économie du pays continuera à dépendre pendant longtemps de la vente de son Sahara blend et de son gaz naturel : deux ressources qui sont d’ailleurs en déclin même si leurs prix s’apprécient depuis quelques semaines.
Ce n’est donc pas la personnalité de tel ou tel ministre qui va peser sur les événements mais la refonte radicale du modèle économique. Ce vaste chantier ,que les spécialistes et même la population appellent de leurs vœux, est en soi un projet de société. La malédiction du pétrole agit comme un aérofrein qui empêche l’industrie algérienne de décoller et de se diversifier. De plus, la manne de l’or noir a favorisé la mentalité rentière, dévalorisé le travail, encouragé la corruption et dissuadé l’exploration de nouveaux créneaux créateurs de richesses et d’emplois.
C’est cet esprit qui a favorisé le gaspillage du matelas financier épais de 1000 milliards de dollars engrangé par l’Algérie en moins de 20 ans sans que le pays ne connaisse une dynamique de développement.
Aujourd’hui, à la croisée des chemins, entre les demandes pressantes de la population, les convoitises des puissances et une crise politique majeure, les gouvernants doivent trouver rapidement des solutions. Continuer à regarder le monde évoluer, en refusant le changement, n’est plus une position tenable.
Mohamed Badaoui