Un climat de forte tension règne au sein du corps enseignant à l’Université d’Alger 2, qui se sent trahi et humilié par l’administration. Cette dernière est revenue sur les décisions prises lors des délibérations de fin d’année universitaire, alors même que les enseignants étaient déjà partis en congé d’été.
Selon une note interne émanant du vice-recteur de l’université, Lakhdar Salim Kebboub, adressée aux doyens et directeurs d’instituts et intitulée « Unification de la moyenne de rattrapage », datée du 21 juillet 2025, il a été décidé d’adopter une moyenne générale de rachat de 08,50 sur 20 pour l’année universitaire 2024-2025.
La note justifie cette décision d’abaisser la moyenne de 09,50 à 08,50 par la volonté d’« unifier le mode d’évaluation et d’offrir les mêmes chances de réussite aux étudiants au sein de l’Université d’Alger 2 ». Elle demande par ailleurs la mise à jour des listes des étudiants admis selon la nouvelle moyenne unifiée de rattrapage de 08,50 sur 20.
Des enseignants de l’Université d’Alger 2 à Bouzaréah ont affirmé que l’administration a pris la décision d’abaisser la moyenne de passage à 8,5 sur 20 au lieu de 10 sur 20, après les délibérations finales, la signature des procès-verbaux et le départ des enseignants en congé.
L’un d’eux a publié sur sa page Facebook : « C’en est trop ! Après le bac à 9, le rattrapage à 9 chaque année… voilà qu’on atteint aujourd’hui un nouveau degré d’irrespect : des décisions improvisées prises en l’absence des enseignants. Après les délibérations finales, les PV signés, et notre départ en vacances, une décision absurde et populiste a été prise par la présidence de l’université et la vice-présidence chargée de la pédagogie : adopter une moyenne de 8,5 comme seuil de rattrapage. »
L’enseignant, stupéfait, ajoute : « Cela se passe alors que les enseignants sont en vacances depuis le 17 juillet. Pour ceux qui ne le savent pas, le rattrapage signifie, techniquement, l’ajout de points dans diverses matières afin d’atteindre la moyenne de 10,00. Cette mesure a concerné toutes les années : 1ère, 2e, 3e année de licence, ainsi que la 1ère année de master. »
Il est pourtant bien établi que le passage d’une année à une autre est régi par l’arrêté ministériel n°1023 du 25 juillet 2023, qui stipule une moyenne minimale de 10 sur 20, et que le rattrapage reste une exception encadrée, applicable uniquement si la moyenne générale atteint au moins 09,50 sur 20.
De plus, le texte réglementaire précise que les commissions de délibération sont souveraines dans leurs décisions, et que la saisie des notes sur la plateforme « Progress » relève exclusivement de la compétence de l’enseignant.
Selon nos sources, cette décision a conduit la directrice de l’Institut de langue française de l’Université d’Alger 2 à présenter sa démission, pour exprimer son refus de telles pratiques qui remettent en cause la crédibilité des délibérations, des conseils pédagogiques et du corps enseignant.
Toujours selon ces sources, des enseignants envisagent actuellement de former une délégation pour rencontrer le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, afin de demander des explications sur cette décision jugée catastrophique, qui aurait des répercussions non seulement sur la qualité de la formation en sciences humaines et sociales, mais aussi sur la crédibilité des examens, des décisions professorales, et des règles régissant le secteur. À terme, le rattrapage semble être devenu, de fait, la véritable norme de passage, reléguant la moyenne de 10/20 au second plan.
Les enseignants envisagent également un mouvement de protestation à la rentrée universitaire pour manifester leur opposition à ces pratiques qui portent atteinte à leur autorité et à leurs prérogatives.
Plusieurs enseignants ont exprimé leur inquiétude, affirmant que de telles décisions prises unilatéralement par l’administration de l’Université d’Alger 2 risquent de détruire ce qu’il reste de la valeur du diplôme universitaire, notamment dans les filières de sciences humaines et sociales, qui, depuis plusieurs années déjà, n’attirent que les plus faibles moyennes au baccalauréat.
Mehdi B.