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Affaire Pesgasus : Rabat reçoit le retour de manivelle

A peine quelques jours après les révélations fracassantes sur la vaste opération d’espionnage menée par les services marocains contre des opposants, des journalistes et mêmes des responsables étrangers, la monarchie de Mohamed VI subit les critiques de médias internationaux et l’indignation de nombreuses personnalités.

L’espionnage et la surveillance des militants, journalistes et opposants au Maroc ne date pas des révélations de l’Affaire Pegasus, rapporte le Magazine français Marianne. Dans uns un dossier intitulé “le royaume chérifien mis à nu” le magazine assure que le royaume chérifien “n’hésite pas à montrer les crocs” jusque sur le territoire français.

Des “journalistes, militants de la cause sahraouie et même citoyens lambda peuvent en témoigner” ajoute l’hebdomadaire de gauche qui a revisité les nombreuses dérives du Maroc, notamment en matière de violation des droits humains, et le calvaire vécu par plusieurs ressortissants marocains, des Sahraouis dans les territoires occupés, mais aussi des Français.

Il s’agit notamment du cas de Claude Mangin, épouse de Naâma Asfari, militant sahraoui condamné à trente ans de prison et détenu depuis plus de dix ans à la suite du démantèlement par l’armée marocaine du camp de Gdeim Izik à Laâyoune occupée.

“Depuis vingt ans, chaque fois que je vais au Maroc et au Sahara occidental, je suis constamment espionnée. Ils peuvent être deux, trois, des dizaines. Toujours en civil, à pied, à vélo, à moto, en voiture ils me surveillent partout où je suis. En famille ou non, jusque devant nos maisons. C’est un harcèlement autant qu’une punition collective”, raconte Claude Mangin dans un témoignage au magazine français. “Il y a quelques mois, lorsque Radio France est venu me demander de confier mon Smartphone pour le faire analyser, je n’ai guère été surprise de faire partie des cibles potentielles du Maroc via Pegasus, a-t-elle confié. “En vérité, nous payons pour avoir fait tomber le royaume il y a cinq ans”, a-t-elle souligné.

Fait de torture”

En novembre 2016, le cabinet Ancile et l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture avaient obtenu la condamnation du Maroc par l’ONU pour “fait de torture” sur Naâma Asfari. Une première dans l’histoire du pays. “Ce crime de lèse-majesté, la monarchie marocaine ne le pardonne pas à cette femme. Comme elle ne pardonne pas à certains journalistes marocains de critiquer les autorités”, explique Marianne.

Le magazine cite l’exemple “significatif” d’Omar Radi, qui purge depuis peu une peine de six ans de prison pour espionnage et viol, rappelant que “ce journaliste d’investigation, a été condamné pour avoir critiqué une décision de justice concernant le mouvement révolutionnaire du Hirak”. “Mais le Palais le craint surtout pour son travail d’enquête.

En 2016, il avait révélé une affaire d’acquisition, pour une bouchée de pain, de terrains appartenant à l’Etat par des ministres et des conseillers du roi. Ce qui lui valut l’ire du royaume”, poursuit le magazine. Le média français cite l’ONG, Amnesty international qui a indiqué qu'”avant son arrestation (et avant l’affaire Pegasus, dont il fut une des premières victimes dès 2019), Omar Radi était harcelé par les autorités en raison de son courageux travail journalistique par lequel il critiquait les violations des droits humains et dénonçait la corruption”. Pour Marianne “le Maroc n’hésite pas à montrer les crocs jusque sur le territoire de son ami français. Il en veut pour preuve, l’irruption de “supporteurs” du royaume lors du conseil municipal d’Ivry-sur-Seine le 30 juin dernier” dont l’objectif “des nervis chérifiens est de dénoncer le soutien au Sahara occidental du maire, Philippe Bouyssou”. “Ce dernier -lui aussi sous l’œil intrusif de Pegasus- ne fait pourtant que prolonger le combat de cette mairie communiste qui défend depuis longtemps le droit à l’autodétermination des peuples reconnu par l’ONU”, assure le magazine, rappelant que l’assemblée a finalement dû se dérouler à huis clos, sous protection policière”.

 

Pegasus ne surprend la direction sahraouie

Marianne a par ailleurs donné la parole au ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, qui a soutenu que l’implication du Maroc dans le scandale du logiciel espion “Pegasus” n’a pas surpris la direction sahraouie, relevant que Rabat piétine la légalité internationale depuis des décennies.

“L’espionnage est un crime contre le gouvernement sahraoui. Pour le Front Polisario, il est l’un des aspects de la guerre que le Maroc a lancée depuis 1975 contre notre pays”.

“Pegasus suscite une vague d’indignation dans le monde. Mais, nous, nous ne sommes pas surpris”. Il s’agit, a-t-il dit, de “l’aspect le plus soft de l’occupation que nous subissons”. Ould Salek a relevé que “même ceux qui soutiennent le régime marocain dans son aventure militaire périlleuse – c’est le cas de la France et de l’Espagne, notamment – sont espionnés”. “Aujourd’hui, le Maroc doute de tout le monde, de ses voisins, de ses alliés, de ses amis qui, depuis des années, bloquent au Conseil de sécurité de l’ONU la voie vers un véritable référendum d’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental”, a -t-il indiqué. “Après quarante-cinq ans, ni la communauté internationale ni l’Union européenne et pas plus l’Union africaine n’ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental”, a tenu à rappeler le diplomate, expliquant que “dans son avis de 1975, la Cour de justice internationale reconnaissait que notre pays, avant la colonisation espagnole, n’avait aucun lien de souveraineté avec le Maroc. Et la Cour européenne de justice l’a rappelé en 2018”. “Hassan II avait pris la décision de nous faire la guerre, mais il était aussi réaliste et avait accepté l’idée du référendum pour faire la paix. Malheureusement, avec son fils, nous sommes face à un régime persuadé qu’il gagnera par les armes, toutes les armes, dont, bien sûr, l’espionnage, mais aussi l’utilisation de la drogue ou la menace migratoire”, a martelé Mohamed Salem Ould Salek.

Des militants des droits humains et des avocats parmi les victimes

Des élus, militants des droits de l’Homme et des avocats exerçant en France et connus pour leur soutien à la cause sahraouie, ont été espionnés par le Maroc, à l’aide d’un logiciel israélien, depuis quelques années, et ces agissements se sont intensifiés depuis la rupture du cessez-le-feu en novembre 2020, comme l’a révélé l’enquête de Forbidden Stories et de ses partenaires. Dans un long article publié la semaine dernière, le journal Franceinfo, a expliqué comment le Sahara occidental était devenue “une véritable obsession” pour le Maroc, pays occupant et comment le Royaume aurait sélectionné ses cibles en fonction des prises de position des personnalités françaises mais aussi de leurs carnets d’adresses.

Les pays d’Europe et la France en particulier, victime d’espionnage par les services marocains, récoltent les fruits de leur position de “soutien zélé” à la politique de Rabat qui viole le droit international au Sahara occidental et déstabilise la région, a commenté pour sa part, a commenté pour sa part l’ambassadeur sahraoui en Europe Oubi Bachir Bouchraya. “Ce crime, entre autres, ne pouvait évidemment s’accomplir sans le silence et même la complicité d’Institutions et Etats autrement beaucoup plus influents sur la scène internationale que le Maroc. L’Europe, et la France en particulier, récoltent les fruits de cette position de soutien zélé au Maroc”, a souligné dans un communiqué Bouchraya, déplorant la persistance de ces pays à cautionner la politique du Maroc, qui se comporte comme un “enfant gâté” pouvant tout se permettre.

Synthèse M. Fergad

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