Marché parallèle des devises : nouveau bond spectaculaire de l’Euro face au dinar

•             100 euros valent désormais presque deux fois le taux officiel

Le taux de change de l’euro face au dinar algérien a connu un nouveau bond spectaculaire sur le marché parallèle, atteignant un niveau jamais observé jusqu’ici. La monnaie européenne continue de monter depuis plusieurs semaines, traduisant une pression croissante sur la valeur du dinar.

Atteignant un niveau historique sans précédent, le billet de 100 euros s’échangeait, hier dimanche, à 28 000 dinars dans les principaux points de change informels, un record absolu en Algérie.  Le prix de vente a augmenté d’environ 300 dinars en 24 heures, tandis que les cambistes achetaient l’euro autour de 27 800 dinars.

La hausse de l’euro, amorcée depuis plusieurs semaines, était attendue, mais le niveau atteint dimanche — jamais vu auparavant — a surpris, avec une augmentation d’environ 300 dinars en une seule journée par rapport à la fin de la semaine dernière.

Ce record illustre le recul rapide et profond du dinar face aux devises étrangères, en particulier européennes.

Les observateurs attribuent cette flambée à plusieurs facteurs principaux :

•             la forte demande en devises de la part des voyageurs, étudiants, patients et opérateurs commerciaux ;

•             la baisse de l’offre sur le marché en raison des restrictions réglementaires imposées aux circuits officiels de change ;

•             la perte continue de confiance dans le dinar face à l’euro et au dollar.

Le marché parallèle reste, de loin, la principale source d’accès aux devises, en raison de la limitation de l’offre via les banques et de l’absence de bureaux de change suffisamment nombreux.

En parallèle, les banques algériennes maintiennent le taux officiel de l’euro en dessous de 160 dinars par euro. Hier, la Banque d’Algérie a fixé le taux à 148,14 DZD pour l’achat et 157,20 DZD pour la vente, créant un écart énorme avec le marché noir. Cet écart alimente le développement du marché parallèle, accroît la pression inflationniste sur les prix et renchérit le coût des voyages, des études et des soins à l’étranger.

Selon les observateurs, ce nouveau record de l’euro s’inscrit dans une tendance générale à la dépréciation du dinar, constatée depuis plusieurs mois, sans signe imminent de rééquilibrage entre l’offre et la demande de devises.

Il semble que la nouvelle allocation de voyage de 750 euros, décidée par le président Abdelmadjid Tebboune et entrée en vigueur l’été dernier, n’ait eu aucun impact significatif sur le marché parallèle, comme prévu. Le marché a conservé ses niveaux habituels, voire atteint de nouveaux records.

À la fin du mois d’août, par exemple, le prix de 1 euro sur le marché parallèle du “Square” à Bour Saïd, dans le centre d’Alger, était d’environ 262 dinars. Depuis cette date, le taux n’a cessé d’augmenter.

Les cambistes du marché parallèle avaient anticipé que les prix resteraient élevés même après la fin des vacances d’été, expliquant que le tourisme ne représente qu’une part marginale de la demande sur ce marché, alors que la demande liée à d’autres motifs, plus structurels, reste forte et croissante.

Dans ce contexte, les cambistes indiquent également que la mise en œuvre de la réglementation autorisant le commerce des “Kaba” (travailleurs indépendants) va dépendre entièrement du marché parallèle pour l’obtention des devises. À cela s’ajoutent l’autorisation d’importer des véhicules de moins de trois ans et la demande des étudiants effectuant leurs études à l’étranger.

Mahdi B.