Le diabète le plus fréquent dans le pays est le diabète de type 2, intimement associé à l’obésité, particulièrement en hausse chez les enfants. Une étude de l’Institut National de Santé Publique publiée en janvier 2025 révèle que 13,4 % des enfants algériens âgés de 5 à 11 ans sont déjà obèses.
Le Professeur Samia Zekri, professeure en médecine interne, experte en diabétologie auprès du ministère de la Santé et formatrice en éducation thérapeutique du patient, a dressé, lors de son passage hier à l’émission ‘’L’invité du jour » de la radio chaîne 3 de la radio algérienne, un état des lieux préoccupant de la situation en Algérie, tout en rappelant les enjeux mondiaux liés à cette pathologie chronique, à l’occasion de la Journée internationale du diabète célébrée le 14 novembre de chaque année. «Effectivement, il y a une explosion mondiale du nombre de patients vivant avec un diabète et l’Algérie n’est pas épargnée», a-t-elle déploré, précisant que dans le monde, 537 millions de personnes vivent actuellement avec le diabète, et les projections annoncent 783 millions de malades d’ici 2045. Pour l’Algérie, indique Pr. Zekri, les chiffres sont alarmants, révélant qu’« une étude menée entre 2016 et 2017 indiquait une prévalence de 14,4 % chez les personnes âgées de 18 à 69 ans. Mais la Fédération Internationale du Diabète a révélé en 2018 une progression inquiétante, portant cette prévalence à 17,5 %, soit environ 4,7 millions d’Algériens touchés».
Une explosion des cas de diabète de type 2
Le diabète le plus fréquent dans le pays est le diabète de type 2, « intimement associé à l’obésité », a précisé le Professeur Zekri. L’obésité androïde, celle qui se concentre au niveau abdominal, est particulièrement dangereuse. Le corps produit de l’insuline, mais celle-ci devient inefficace, provoquant à terme un diabète de type 2, a-t-elle expliqué. Ce constat est d’autant plus préoccupant que le surpoids touche désormais toutes les tranches d’âge. « Si on ne veut pas faire augmenter encore le chiffre de ces patients, il faut absolument lutter contre le surpoids et l’obésité », a prévenu la professeure. Ces deux fléaux sont devenus « des épidémies mondiales ». En Algérie, une société de lutte contre l’obésité a d’ailleurs été créée afin de dépister le surpoids et de prévenir le passage au prédiabète.
Le thème de la campagne du 14 novembre, « le diabète touche tous les âges », illustre parfaitement cette réalité. L’un des aspects les plus alarmants réside dans la hausse de l’obésité chez les enfants. Une étude de l’Institut National de Santé Publique publiée en janvier 2025 révèle que 13,4 % des enfants algériens âgés de 5 à 11 ans sont déjà obèses. «Quand ils sont obèses à ce moment-là, si les parents ne font pas ce qu’il faut pour leur faire régresser de poids, ça risque de se pérenniser à l’âge adulte et ils risquent de devenir diabétiques», a-t-elle expliqué.
Face à cette situation, la professeure appelle à un retour au bon sens alimentaire. « Il faut s’éloigner de l’alimentation moderne, c’est-à-dire les produits transformés, industriels, et adopter le régime anti-inflammatoire », autrement dit le régime méditerranéen. Ce mode d’alimentation privilégie les légumes, les fruits, les produits du terroir et la cuisine faite maison. Elle déplore l’influence croissante de la restauration rapide : « Le hamburger, nous l’avons tous adopté, il nous a fait énormément de mal, en particulier à nos enfants. » Mais la responsabilité ne repose pas uniquement sur les familles. Les pouvoirs publics et les industriels jouent également un rôle crucial dans la lutte contre le diabète. « Le ministère de la Santé a organisé les choses. Il a mis en place un comité multisectoriel, dont les membres ont été nommés par décret présidentiel, pour réduire la quantité de sucre dans les aliments », a souligné le Professeur Zekri.
Prévenir pour éviter les complications
Il y a lieu de savoir que les conséquences du diabète sont dramatiques. « C’est la première cause de cécité dans le monde, la première cause des amputations non traumatiques et la première cause de la dialyse », a expliqué le Professeur Zekri. Ces complications, souvent évitables, soulignent l’importance du dépistage précoce et de la prévention.
Pour le Professeur Zekri, la lutte contre le diabète en Algérie doit être globale et collective. Elle implique les médecins, les autorités, les industriels, les éducateurs, mais aussi chaque citoyen. Avec une prise de conscience nationale et des gestes simples (alimentation équilibrée, activité physique régulière, réduction du sucre), l’Algérie peut inverser la courbe inquiétante du diabète.
Source : Radio nationale
LA NATION Quotidien National D'information