Un rapport officiel du Sénat français met en lumière une réalité préoccupante pour les ressortissants algériens : malgré leur présence significative en France et une demande de visas toujours élevée, les Algériens sont aujourd’hui les plus pénalisés du Maghreb en matière d’accès au territoire français.
Rédigé par les sénateurs Nathalie Goulet et Rémi Féraud pour la Commission des finances, ce rapport d’information détaille la délivrance des visas par les consulats français à l’étranger en 2024. Il révèle que l’Algérie arrive en troisième position mondiale en nombre de visas délivrés, avec 250.095 visas accordés, derrière la Chine et le Maroc.
Mais ce chiffre cache une réalité bien moins favorable : le taux de refus pour les Algériens atteint 34,8 %, contre 21,2 % pour la Tunisie et seulement 12,5 % pour le Maroc. Un écart significatif qui fait de l’Algérie le pays maghrébin le plus affecté par les restrictions françaises en matière de visas.
La délivrance de visas aux Algériens a connu une forte instabilité ces dernières années : de 73.000 visas en 2020, le nombre a descendu à 63.000 visas l’année d’après, pour rebondir à 131.000 en 2022 et 209.000 en 2023 et 250.095 en 2024.
Pour 2025, les prévisions sont pessimistes : une baisse d’au moins 30 % est attendue, avec un retour sous la barre des 200.000 visas. D’ailleurs, le ministre de l’intérieur lui-même a annoncé la diminution du nombre de visas accordé aux Algériens durent l’année en cours.
Le rapport note que 90 % des demandes de visas sont traitées par des prestataires privés, externalisés par les consulats français dans 147 centres à travers le monde. En Algérie, comme ailleurs, le coût d’une demande atteint 90 euros, une somme importante pour de nombreux demandeurs. Ces prestations ont généré 261 millions d’euros de recettes pour la France en 2024, en hausse de 19 % par rapport à 2019.
En matière de fraude documentaire, l’Algérie figure au 2e rang mondial avec près de 9.752 documents frauduleux détectés en 2024. Toutefois, pour les faux titres d’identité ou de voyage, elle n’apparaît qu’en 6e position, derrière plusieurs pays africains.
Le rapport parlementaire évoque aussi l’intention du ministère français des Affaires étrangères de regrouper certains services consulaires pour des raisons logistiques et budgétaires. L’Algérie figure parmi les pays ciblés pour une telle réforme, aux côtés du Nigeria, du Vietnam et de l’Arabie Saoudite.
Pour de nombreux observateurs en Algérie, ces chiffres illustrent une politique de durcissement ciblé envers les ressortissants algériens, malgré les liens historiques, culturels et humains entre les deux pays. Le taux de refus élevé est souvent perçu comme une forme de pression politique ou de déséquilibre diplomatique, surtout en comparaison avec les chiffres plus favorables du Maroc ou de la Tunisie.
Alors que la majorité des visas délivrés restent des séjours touristiques (75 %) ou étudiants (38 % pour les longs séjours), la question des visas reste un point de tension régulier dans les relations franco-algériennes. Au-delà des chiffres, il s’agit d’un enjeu symbolique et humain qui touche directement les familles, les étudiants, les chercheurs, et les entrepreneurs algériens désireux de se rendre en France.
Sid.A