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Violences faites aux femmes en Algérie : 6.418 femmes violentées en 2020 (Enquête)

La commissaire de Police, Khouas Yasmine, chef du Bureau central de la  protection des personnes vulnérables, au sein de la direction de la police judiciaire, a fait état de l’enregistrement de 6 418  cas de violences faites aux femmes, lors des onze premiers mois de 2020, contre 6 787 durant la même période de 2019, soit une baisse timide de 5,43%.
« La violence faite aux femmes constitue une atteinte grave à ses droits fondamentaux. Ses conséquences sont diverses, sur le mental et le physique de ses femmes violentées. Ces dernières peuvent être immédiates, ou à long terme. Le plus souvent, cette violence est perpétrée par une personne proche de la famille, à savoir par le mari avec 1 817 cas, le père avec 32 cas, le frère 468 cas, le fils avec 362 cas».

A propos de la violence conjugale, l’intervenante affirme que la femme est confrontée à plusieurs types d’agression par son mari, à savoir 367 cas de violence physique enregistrés dans le centre, 624 cas dans l’Est, 474 cas dans l’Ouest et 151 dans le Sud.

Elle précise que la femme est confrontée d’abord à la violence verbale et psychologique avant de subir la violence physique.
Mme Khouas précise que 43 femmes sont maltraitées par leurs époux, dans le centre, 44 sont enregistrées dans l’Est, 72 dans l’Ouest et 8 cas sont recensés dans le Sud.
La même responsable souligne que la femme est violentée également par les membres de la famille (le beau-père, le beau- frère, le cousin, l’oncle) avec 1098 cas de femmes agressées.
Elle ajoute que d’autres personnes sont à l’origine de l’agression des femmes, à savoir le fiancé avec 31 cas, l’amant avec 169 cas et les étrangers avec 2 814 cas. La commissaire estime que le milieu familial est en tête du classement par rapport à la nature des agresseurs.
En évoquant la femme en tant que victime,  Mme Khouas explique que celle-ci est confrontée à la violence physique avec 4 555 cas enregistrés, de harcèlements sexuels avec 63 cas, de violence sexuelle avec 88 cas, de maltraitance avec
1 566 cas répertoriés, séquestration avec 12 cas, coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort avec 7 cas, tentative de mort avec 6 cas.
Elle fait savoir que la femme joue tous les rôles sauf le sien, en précisant : « la femme joue le rôle de la maman, du père, du fils, elle pense à tout le monde sauf à elle-même, c’est pour cette raison qu’elle cède. Elle pense à sa famille, avant de penser à elle. » La femme violentée retire souvent la plainte déposée contre l’agresseur, a-t-elle souligné, à cet égard. La femme algérienne s’acquitte de tous les rôles et ne pense pas à son statut de victime mais plutôt au regard porté par la société et la famille, même si en tant que service de police, nous encourageons la femme à dénoncer la violence dont elle fait l’objet sous toutes ses formes ». S’agissant de la tranche d’âge la plus exposée, la commissaire de police a indiqué qu’il s’agit de femmes âgées entre 26 et 35 ans, et même entre 36-45 ans, avec 1988 cas et 1737 cas, enregistrés, même représentation pour les agresseurs avec 2073 cas et 1990 cas répertoriés.

Quant à la situation professionnelle, elle est « sans profession » pour la femme violentée, avec 4448 cas recensés et « chômeur » ou journalier pour l’agresseur, avec 2494 cas.
Le niveau intellectuel pour l’agresseur et pour la victime est « moyen », selon les explications fournies par Mme Khouas. « La femme violentée a le niveau moyen avec 1887 cas enregistrés, suivi par la niveau secondaire avec 1628 cas recensés. Pour l’agresseur, 2718 de ces derniers sont à l’origine de l’agression, sur la femme » déclare-t-elle.
Mme Khouas a souligné que le taux de violence des femmes universitaires est de l’ordre de 14,96% soit 960 femmes.
« Ces dernières refusent de déposer plainte, par peur du regard de la société. Elles préfèrent se réfugier dans les réseaux sociaux, afin d’extérioriser leurs peurs » indique-t-elle.

D’après les statistiques, poursuit l’intervenante, les problèmes sociaux sont en premier lieu le mobile des agressions à l’encontre des femmes, avec 3450 cas enregistrés, suivi par les problèmes familiaux avec 42.41 cas. Mme Khouas a souligné : «Les femmes mariés sont les plus touchées par la violence avec 3862 cas enregistrés, même représentation pour l’agresseur avec 4061 cas répertoriés. L’interlocutrice précise que les domiciles sont les lieux privilégiés pour l’agresseur.  Concernant les affaires d’homicide, l’intervenante indique que depuis le début du confinement, en mars, aucune affaire d’homicide n’a été enregistrée par rapport à 2019. Elle explique : « La société était figée par la pandémie. La violence n’est pas d’actualité. Les familles cherchent à s’unir pour faire face à la crise sanitaire ».
Selon l’intervenante , pour ce faire, la DGSN s’emploie à lancer un programme dense en vue de consolider les capacités des cadres pour lutter contre les stéréotypes, changer les mentalités et améliorer  la prise en charge des catégories vulnérables et de la femme, en particulier.
Elle a également affirmé que la DGSN a mis à disposition un guide contenant les prestations destinées à la femme, dans tous les domaines, tant au plan religieux et sanitaire, que dans le domaine de l’information relative aux centres d’hébergement des femmes violentées, en sus d’information d’ordre juridique (dépôt de plaintes ou introduction d’actions).
Mme Khouas affirme que la DGSN accorde une importance capitale à la formation des personnes chargées de prendre en charge cette frange de la société, dans les rangs de la police, car selon elle, il existe 50 brigades formées à cet effet, sur le territoire national.
Elle a, notamment, mis en avant l’importance de la sensibilisation et du signalement de la violence sous toutes ses formes, assurant que la police intervient après le signalement qui demeure le meilleur moyen de prévention contre les violences.

Samia Acher

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