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Spéculation sur les produits alimentaire : la mafia attaque le pain des Algériens

On se croirait au temps d’Al Capone et de Dillinger and Co. Le marché de l’alimentation est fortement perturbé par un milieu interlope qui, selon les autorités, organise la rareté des produits de première nécessité jusqu’à mettre en danger la sécurité du pays.

La situation est à ce point grave que le président de la République lui a consacré ce mardi , une réunion spéciale avec deux points à l’ordre du jour : contrôle du marché et lutte contre la spéculation.

Abdelmadjid Tebboune a ainsi ordonné au gouvernement de scruter à la loupe la fluctuation de la distribution de certains produits de consommation ainsi que les dysfonctionnements inexplicables observés depuis un certain temps sur le marché.

C’est un véritable cabinet de crise que le chef de l’Etat a convoqué pour agir au plus vite pour désamorcer la bombe sociale que le travail de sape des spéculateurs risque de dégoupiller. Le Premier ministre, les ministres de l’Intérieur, de la Justice, des Finances, de l’Industrie, de l’Agriculture, du Commerce et des Transports, ainsi que des responsables de tous les services de sécurité sont sommés d’agir au plus vite pour éteindre l’incendie.

Au cours de la même journée, vingt-trois individus impliqués dans des affaires de spéculation illicite sur des produits alimentaires de large consommation ont été présentés devant le parquet du tribunal de Sidi M’hamed. Les prévenus ont été auditionnés (c’est une nouveauté) par la section de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, indique un communiqué du procureur de la République près le même tribunal.

Après avoir évoqué l’article 11 alinéa 3 du Code de procédure pénal, le Parquet a informé l’opinion publique que les 23 accusés sont impliqués «dans cinq affaires provenant des wilayas de Boumerdès, Tébessa, Souk Ahras, Djelfa et Ouargla». Ils sont poursuivis «pour crimes de spéculation illicite commise par un groupe criminel organisé, et contrebande constituant par sa gravité une menace sur l’économie nationale, conformément aux dispositions des articles 13 et 15 de la loi sur la spéculation illicite, et l’article 15 de la loi relative à la lutte contre la contrebande», selon le même communiqué.

Dix-huit des mis en cause ont été placés sous mandat de dépôt par le juge d’instruction, quatre sous contrôle judiciaire et un seul a été remis en liberté.

«Preuves irréfutables»

La semaine dernière, le parquet de la République près le tribunal de Sidi M’hamed d’Alger a demandé aux parquets locaux de soumettre les affaires relatives à la spéculation sur les marchandises et à la hausse injustifiée des prix au Service central de lutte contre le terrorisme et le crime organisé transnational. Il a justifié la nouvelle démarche judiciaire par «la recrudescence de la spéculation illicite des marchandises, notamment de certains produits de base de large consommation et devant la hausse injustifiée des prix qui affecte le pouvoir d’achat du citoyen». Il s’agit, selon la même source, d’actes criminels qui «visent à porter atteinte à l’économie nationale et s’inscrivent dans le cadre du crime organisé délibéré contre lequel il importe de lutter par la force et la rigueur de la loi».
Le Parquet a, enfin, indiqué qu’il existe des «preuves irréfutables sur le sabotage» commis par «par des groupes criminels organisés transnationaux». Il a annoncé qu’il «requerra des peines durcies et sévères à l’encontre de tout individu impliqué conformément à la loi».

A rappeler qu’au mois de décembre dernier, la Justice a adopté une loi extrêmement sévère pour lutter contre la spéculation illicite. Le nouveau texte permet désormais au Parquet la mise en mouvement automatique de l’action publique contre ces pratiques. Il offre, en outre, aux associations de protection du consommateur ou toute autre personne ayant subi un préjudice la possibilité de déposer une plainte auprès des juridictions et de se constituer partie civile dans ce type d’affaires. Il autorise aussi la police judiciaire, lors de l’enquête préliminaire, à proroger, à deux fois, la durée de garde à vue sur autorisation écrite du procureur de la république compétent ainsi que la perquisition à tout moment sur autorisation écrite.

Les nouvelles dispositions pénales sont assorties d’un éventail de peines suivant une échelle graduelle logique ascendante. Si le délit concerne des produits de base comme les céréales et leurs dérivés, le lait, l’huile, le sucre et les légumineuses, la peine peut aller jusqu’à 20 ans de prison en plus d’une amende de 10 millions de dinars. La condamnation peut être portée à 30 ans de réclusion et une amende de 20 millions de DA dans le cas où le «crime» est commis dans des circonstances exceptionnelles ou en cas de propagation d’une épidémie ou d’une catastrophe. La perpétuité pourrait être requise si le délit est commis par un groupe organisé.

Mohamed Badaoui

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