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Produits éligibles à l’importation : un autre tour de vis

 Le gouvernement algérien poursuit sa politique de rationalisation des dépenses publiques et ce, en décidant de réduire la facture des importations tout en encourageant la substitution de produits disponibles localement.

Cette mesure de restriction – précédée, l’on se rappelle, par celle de 2018 lorsque le département du commerce, dirigé par l’ex-ministre Mohamed Benmerradi, avait évoqué une liste de près de 900 produits non éligible à l’importation, dont les produits alimentaires – exige des opérateurs d’importation de matières premières, de produits et de marchandises destinées à la revente en l’état à présenter un document attestant de l’indisponibilité des produits à importer, sur le marché national.

Désormais, il est exigé des opérateurs économiques activant dans le domaine de l’importation de matières premières, de produits et de marchandises destinées à la revente en l’état, à présenter un document attestant de l’indisponibilité des produits à importer, sur le marché national.

La tutelle, le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations “informe l’ensemble de ces opérateurs économiques, de la disponibilité d’une plateforme électronique du produit national: https://www.commerce.gov.dz/cartographie“, lit-on dans le communiqué du ministère. Cette plateforme “mise à la disposition de tous les secteurs et opérateurs économiques, permet de s’assurer de la non-disponibilité des matières et des produits à importer, sur le marché national”, précise la même source.

Ainsi, “les opérateurs activant dans le domaine de l’importation pour la revente en l’état, sont invités à partir du 25 avril 2022, à introduire une demande via le lien électronique: https://www.commerce.gov.dz/import, pour obtenir un document remis par les services de l’Agence nationale de la promotion du commerce extérieur- ALGEX-, à joindre au dossier de demande de domiciliation bancaire, afin de parachever les procédures d’importation”. Il va sans dire que la liste des produits qui ne seront pas éligibles à l’importation dès lors qu’ils sont disponibles sur le marché national (même si en termes de quantité, cela reste insuffisant) touche aussi bien les produits alimentaires, les cosmétiques, ainsi que certains produits à usage domestique et les matériaux de construction.

Le marché national est-il en mesure de se suffire ?

Mais qu’en est-il de ces produits interdits d’importation, mais qu’on trouve sur le marché national ? S’il est vrai que beaucoup d’opérateurs se conforment à la liste des produits ‘’frappés’’ d’interdiction d’importation, car disponibles en Algérie, il est des importateurs qui passent outre les mailles du filet de la douane, pour ne pas dire les petits nababs du négoce du cabas, pour inonder le marché national de fromages (produits finis), de la variété de boîtes de thon, des dérivés du maïs, des préparations de viande, des bonbons et la panoplie de marques de chocolats comme Milka ou Kinder – ce dernier produit du groupe Ferrero suscite d’ailleurs un tollé sanitaire dans l’Hexagone, à cause des cas de salmonelle signalés en Belgique – des viennoiseries et biscuits, des dérivés de céréales, des fruits secs, des confitures, des gelées, des préparations alimentaires pour les races canine et féline, des eaux minérales comme Evian et tutti quanti…

Certaines supérettes, qui ont pignon sur rue dans les artères chics ou les hauteurs de la capitale, présentent des éventaires bien achalandés de produits tropicaux comme la papaye, le kiwi ou la mangue pour ne citer que ces fruits exotiques.

Un expert économique qui a requis l’anonymat estime que ‘’c’est une décision anachronique, anti-économique et inapplicable’’, expliquant d’abord, que ‘’sur le plan pratique, il est difficile de disposer d’ une banque de données à jour qui peut lister les produits algériens en quantité et en qualité suffisantes ; d’autre part, cette mesure va conduire inéluctablement à des pratiques illégales ou à des interdictions de certains produits supposés produits localement, alors qu’ils ne le sont pas‘’.

Poursuivant son analyse, l’expert se dit convaincu qu’‘’une pareille mesure va produire une levée de boucliers de la part des pays exportateurs, tels la Chine, l’Espagne, la Turquie, la France et cela pourrait conduire à une dégradation dans les relations commerciales et gâter les éventuelles négociations avec l’OMC’’. Aussi, dira-t-il en guise de conclusion, ‘’cette mesure est susceptible d’impacter les efforts d’innovation et de concurrence, alors que l’utilisation des DAPS (Droit additionnel provisoire de sauvegarde – appliqué sur les marchandises importées) aurait suffi à protéger la production national”.

Omar Agadir

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