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Prochaine visite de Macron en Algérie : la partie de poker menteur est-elle terminée ?

Quatre ans et demi après sa première visite, le président français revient en Algérie pour, cette fois, tenter de combler les fissures provoquées par son dérapage verbal de l’année dernière aux relations entre Alger et Paris. Des questions qui fâchent l’attendent. Il devra leur trouver des réponses satisfaisantes.

Le sémillant Emmanuel Macron possède moins de tonus et de charme que l’homme qui avait visité l’Algérie deux fois en 2017 : la première en tant que candidat à la magistrature suprême de son pays et la deuxième en qualité de président de la République française.

Lors des deux voyages, il avait séduit les Algériens en étant  le premier responsable de son rang à oser qualifier la colonisation de “crime contre l’humanité”. A l’époque, c’est vrai, il n’était pas encore le patron de l’Elysée, mais juste aspirant au poste. Sa déclaration courageuse a eu tout de même l’effet d’une bombe , mais une fois investi du pouvoir, il a édulcoré son discours sur le sujet. Il est néanmoins resté fidèle à une attitude bienveillante envers l’Algérie notamment sur les questions mémorielles. Il a ainsi reconnu la responsabilité de l’armée française dans la mort de Maurice Audin et d’Ali Boumendjel. Il a, en outre, chargé l’historien Benjamin Stora de préparer un rapport sur les questions dérangeantes qui empêchent les cœurs de s’apaiser de part et d’autres de la Méditerranée. Toutefois, à l’instar de ses prédécesseurs, il s’est abstenu de présenter les excuses de son pays pour l’occupation de l’Algérie et les exactions commises contre sa population durant un siècle et trente ans, en particulier durant la Guerre de libération.

En campagne pour un second mandat, Macron a subitement changé de fusil d’épaule. Sans sommation, il a accusé les autorités algériennes d’être un système “politico-militaire” vivant grâce à une “rente mémorielle” autour de la guerre d’indépendance. Il a poussé le bouchon encore plus loin en s’interrogeant sur l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation. L’Algérie a tout de suite réagi en rappelant son ambassadeur à Paris. Même les regrets exprimés par le président français n’avaient pas détendu l’atmosphère.

C’est donc dans le sillage de ces soubresauts qu’il revient en Algérie. Sauf qu’aujourd’hui il est affaibli par une situation politique inextricable dans son propre pays après la semi-défaite de son parti lors des dernières législatives  qui l’empêche d’obtenir la majorité absolue au Parlement. Il est, d’autre part, impuissant face à la guerre en Ukraine et ses conséquences sur l’Union européenne dont il assure actuellement la présidence.

Sur le plan économique, la tension sur l’alimentation en gaz risque de mettre le feu aux pompes à essence et d’éteindre les  chauffages des maisons. Il est, pour résumer, à la tête d’une population en colère car étouffée par la cherté de la vie qui menace de s’aggraver si la tendance inflationniste se poursuit.  

On doit donc s’attendre à l’arrivée d’un invité doux et respectueux le 25 août s’il veut regagner l’estime des Algériens. Surtout que l’influence de la France se fane au Sahel et dans d’autres pays africains au profit d’autres acteurs comme la Chine et la Russie.

 Ce n’est pas l’avis de l’ancien ambassadeur de France en Algérie Xavier Driencourt qui, lui, ne voit “pas bien l’intérêt d’une telle visite actuellement”. Le diplomate ne note “pas de changement récent dans les relations avec l’Algérie” et exige “des gestes d’Alger sur un certain nombre de nos demandes que sont les laissez-passer consulaires, les affaires économiques”.

La manœuvre de Driencourt s’apparente à l’attitude d’un joueur de poker menteur. Il sait que son président et son pays ne peuvent plus se permettre de faire durer la bisbille avec Alger sans en payer, d’une façon ou d’une autre, le prix.

La France-Afrique est en déliquescence. Le départ du dernier légionnaire français du Mali sonne comme un glas annonçant la mort des temps bénis des colonies. Paris doit ajuster son langage et son comportement en fonction de cette nouvelle réalité, selon ce qui se dit à Alger.

Ali Younsi-Massi

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