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Pour sa première visite en Algérie : Borell vient tard et les mains vides

Prise dans un étau, entre une Russie intraitable et des Etats-Unis hyper-protecteurs, l’Union européenne tente de se désenclaver en tentant de trouver une difficile brèche par le Sud. La visite de Josep Borrell s’inscrit dans ce cadre.  

Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune a reçu, hier, le haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell.

“Cette visite sera l’occasion de discussions approfondies pour consolider et élargir le partenariat entre l’Union européenne et l’Algérie”, selon un communiqué de l’UE diffusé samedi. Bruxelles veut également “explorer des domaines d’intérêt mutuel couverts par l’Accord d’association UE-Algérie, dans le but de relancer ou renforcer davantage le dialogue et la coopération”. Les discussions tourneront également “autour de questions régionales et internationales, y compris notamment la situation au Sahel et les défis communs dans le contexte mondial actuel suite à l’agression russe contre l’Ukraine”, d’après le même document.

Borrell est donc venu exposer les problèmes de l’UE et tenter de trouver compréhension et solidarité au sud de la Méditerranée et dans toute l’Afrique. En d’autres termes, on veut du gaz pour faire face à la pénurie, la stabilisation du Sahel qui vit le calvaire depuis l’intervention de l’Otan en Libye. On veut aussi l’arrêt de la migration clandestine en partie due à l’appauvrissement de la population africaine à cause du pillage de ses ressources par les puissances, en particulier la France.

Le président Emmanuel Macron a tenté la même manœuvre, lors de sa récente tournée en Afrique. L’opération de charme menée par le patron de l’Elysée a été un échec si l’on se fie aux réactions qu’elle a suscitées.  

Réveil des consciences

Pris entre les mâchoires de l’étau de la puissance militaire russe et du paternalisme américain, les pays européens qui n’ont pas les moyens de se défendre tentent aujourd’hui une percée par le Sud.

Dépendant énergétiquement et même militairement, ils veulent retrouver leur place en Afrique qui est sérieusement disputée par de nouveaux joueurs ; Russie et Chine en tête. Même les Etats anglo-saxons cherchent à s’y positionner depuis que la France a été chassée du Mali et du Burkina Faso.

Ne sentant pas le vent tourner, l’UE semble désarçonnée par ce retournement géopolitique historique marqué par un réveil de conscience dans tout le continent. La jeune génération qui n’a pas connu la colonisation et l’infantilisation des esprits qu’elle a engendrée.    

Les 29, à commencer par les grosses pointures comme la France, ont établi pendant des décennies des rapports mercantiles avec l’Afrique se contentant d’aides rachitiques au lieu de participer au co-développement du continent.

Ce vide a été intelligemment comblé par la Chine et par la Russie. Les deux pays ont proposé un partenariat économique pour la Chine, sécuritaire pour la Russie, fondé sur le respect et sur l’intérêt mutuel avec les Africains. Aujourd’hui, ils commencent à récolter les bénéfices géostratégiques de cet engagement.

Au lieu de les concurrencer sur ce terrain, les Occidentaux ont déclenché une vaste campagne de propagande pour freiner leur expansion. Mais le bouleversement a déjà eu lieu et il sera extrêmement difficile de renverser la vapeur.

En panique, les responsables européens découvrent qu’ils deviennent la région du monde la plus dépendante de l’extérieur, y compris en produits alimentaires.

Pour ces raisons, la visite de Josep Borrell ne constitue pas un événement d’importance car le diplomate n’a rien mis sur la table pour intéresser l’Algérie. D’ailleurs, c’est la première fois qu’il lui rend visite depuis sa prise de fonction en 2019. C’est dire l’intérêt qu’accorde son département à un voisin qui est à moins d’une heure en avion de l’Union européenne.

Ali Younsi-Massi

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