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Macron ou Le Pen élus à la présidence : Alger demeurera un passage obligé

La France saura ce soir quel sera le président ou la présidente qui tiendra son destin entre ses mains durant les cinq prochaines années. Le choix des électeurs français aura également une répercussion sur l’Europe, sur le bassin méditerranéen et, bien entendu, sur l’Algérie.

Qui d’Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen sortira vainqueur du deuxième tour des élections présidentielles en France ? La question ne concerne pas uniquement les habitants de ce pays mais aussi toute l’Union européenne dont le centre de gravité s’est déplacé, quelques semaines plus tôt, à Paris qui en assure actuellement la direction. L’issue du vote concerne aussi de nombreux pays africains, en premier lieu ceux de la zone CFA dont le sort dépend en grande partie des relations avec cette ancienne puissance coloniale qui les a occupés.

Le Maghreb qui a également souffert des affres de la colonisation française, aux 19e et 20e siècles, attend aussi de connaître le nom du nouveau patron et ou de la nouvelle patronne de l’Elysée. C’est donc le cas de l’Algérie qui suit de manière attentive le déroulement du scrutin dont le résultat aura des retombées directes sur ses affaires internes et extérieures. Non seulement parce que la communauté algérienne ou d’origine algérienne vivant sur le sol français est forte de plusieurs millions d’âmes, ou encore à cause des liens économiques importants qui lient le deux pays, mais surtout pour des considérations complexes d’ordre historique, culturel et géopolitique.

Le premier mandat de Macron s’est caractérisé par des phases en dents de scie dans ses rapports avec l’Algérie puis a presque frôlé la rupture durant le dernier exercice. Les Algériens ont apprécié, au début, ce jeune dirigeant non marqué par le passif impérial de son pays surtout que, en tant que candidat, il a choisi Alger pour qualifier le colonialisme de crime contre l’humanité. C’était bien parti et les autorités algériennes espéraient plus pour que cette période dont les stigmates sont encore vivaces soit assumée sous un nouveau jour, avec courage et honnêteté. Toutefois, Macron a, juste après, édulcoré son discours pour le changer considérablement plus tard sous la pression des nostalgiques de l’Algérie française et des milieux d’extrême-droite. L’année dernière, il s’est même permis de douter de l’existence d’une nation algérienne avant l’invasion française en 1830, une provocation insultante qu’aucun de ses prédécesseurs n’a osé commettre.   

Face à la fermeté de la réaction algérienne qui a rappelé son ambassadeur et fermé son espace aérien aux avions militaires français en partance vers le Mali, Macron a vainement tenté de rectifier le tir mais sans vraiment y arriver. La confiance était rompue, momentanément seulement, car l’Algérie et la France ont trop d’intérêts et de passions en commun qu’il leur est impossible de cesser de dialoguer.

Maintenant supposons que Marine Le Pen crée la surprise en battant le président sortant pour devenir ainsi la première cheffe d’Etat de l’histoire de la république française et, en même temps, la dirigeante de la première formation d’extrême-droite à y prendre le pouvoir.

Fille de Jean-Marie, cet ancien soldat et tortionnaire durant la Guerre d’Algérie, puis leader d’un parti xénophobe anti-maghrébin et, surtout, anti-algérien, Lepen, à l’image de son père, ne cache pas son antipathie envers les valeurs et les croyances des Nord-Africains. Son programme ultra-nationaliste, voire isolationniste, pourrait conduire à la guerre civile s’il était appliqué au regard de l’ostracisme, pour ne pas dire la haine, et l’exclusion qu’elle promet aux ressortissants et aux résidents qui ne se fondent pas dans le moule de l’identité judéo-chrétienne.

Evidemment, si, par un extraordinaire concours de circonstances, la dirigeante du Rassemblement national accédait à la magistrature suprême en France, elle mettra de l’eau dans son vin puisque elle ne peut faire l’impasse de relations privilégiées avec l’Algérie et donc respecter tout ce qui en émane. Car la supériorité raciale est morte avec le nazisme et le troisième Reich qui avait, souvenons-nous, occupé et humilié, il n’y a juste quelques décennies, la France et les Français.

Ali Younsi-Massi    

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