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L’état de la capitale se détériore

Une ville triste qui se couche avant la tombée de la nuit

Alger qui fut jadis l’une des plus belles métropoles de la Méditerranée affiche aujourd’hui un visage repoussant. Sale, désorganisée, bruyante et surpeuplée, la capitale algérienne n’invite pas à la villégiature et au plaisir.

Alger est certainement dans sa pire période. Sale, désorganisée, asséchée, boudeuse et en colère, l’inénarrable cité qui a connu grandeur et décadence donne l’impression d’être incapable cette fois-ci de se relever. Défigurée par d’interminables chantiers qui rejettent dans son ciel des milliers de tonnes de poussière jusqu’à le brunir, la ville semble triste et mal agencée.

Hésitant entre sa nature méditerranéenne et une nouvelle culture, de plus en plus audible, de plus en plus visible, qui veut en faire une terre coupée de la mer, coupée du monde, elle paraît prise de folie. La capitale de l’Algérie qui, il n’y a pas si longtemps, trois siècles à peine, régnait sans partage sur la Méditerranée occidentale, cultive aujourd’hui l’impuissance et la pauvreté. Après une colonisation qui a duré 132 ans et une indépendance dont les fleurs n’ont pas encore éclos, elle affiche une mine désemparée.

A part les quartiers régaliens d’Hydra, de Poirson, du Golfe et du Club des Pins, tous ses autres secteurs subissent les poubelles débordantes, les murs écaillés, les odeurs nauséabondes des égouts. En proie à la négligence la métropole de quatre millions d’habitants souffre de mauvaise gestion et de laisser-aller.

Dans les cites-dortoirs de la périphérie, où l’âme se sent à l’étroit, les ensembles urbains offrent le gîte et le couvert mais pas de distractions, de loisirs et encore moins de culture. Aucun cinéma ne s’y trouve, pas de théâtre, pas de conservatoire, très peu de bibliothèques. C’est dans la rue ou les cafés sans confort ni esthétique que l’on fait la causette la plupart du temps pour pester contre la qualité de de vie.

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Depuis peu, les autorités locales ont certes compris qu’ils sont également responsables du temps libre de la population. Ils ont alors multiplié les terrains de football de proximité, les aires de jeu pour les enfants mais cela demeure très insuffisant. Quoi de plus normal que les jeunes se tournent alors vers les drogues pour planer dans un autre monde et rêver de s’exiler en Europe pour espérer profiter de leur passage sur terre quitte à risquer la mort en traversant la mer pour y arriver.

Alger est un chaudron de haine, détesté par ses propres enfants qui n’y voient qu’une place laissée à l’abandon dont les recoins sont jonchés de détritus en plastique, en aluminium, en carton. C’est une agglomération parmi les plus ennuyeuses, les plus frigides au monde. A 19 heures, la plupart des magasins du centre-ville ferment et augmentent ainsi le sentiment de claustration.

Les vitrines sont poussiéreuses, ternes le jour, sombres la nuit et barrées par des grilles ou des portes métalliques. Les rues Didouche Mourad et Larbi Ben M’hidi tenaient jusqu’aux années 1970 la comparaison avec des artères européennes. Leurs terrasses, leurs boutiques et l’allure soignée de ceux qui les fréquentaient témoignaient d’un haut degré de civisme. Aujourd’hui, les deux avenues forment une zone de bas de gamme qui devient dangereuse par endroits la nuit tombée.

A voir Alger l’actuelle, on a du mal à croire que la ville était puissante, plaisante et possédait même l’ambition de se hisser au rang des grands centres urbains du monde. Elle fait maintenant face à la rareté de l’eau, à une circulation automobile dantesque, à l’agressivité, au manque de charme et à la mal-vie.

Mohamed Badaoui  

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