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Début du mois sacré 2023 : le couffin du ramadan comme régulateur social

Patience, volonté et solidarité sont parmi les principales vertus que le mois sacré, qui commence aujourd’hui, enseigne aux musulmans. Des valeurs dont ont besoin les Algériens à une période où la vie n’est pas toujours facile.

Les prix des fruits et légumes connaissent depuis des semaines une hausse considérable, effrayante pour la majorité des chefs de ménages. Le ramadan qui est une occasion de grande dépense pour la nourriture favorise, en particulier durant les dix premiers jours, la remontée des prix. Ceux des viandes rouges et blanches déjà assez hauts toute l’année deviennent plus prohibitifs pour les petites bourses pendant le mois sacré.

Les autorités ont mis en place un dispositif pour juguler l’explosion de la demande, mais faire face aux besoins d’une population de quarante-cinq millions d’âmes ressemble à un défi.

L’Etat s’est d’abord doté d’une législation très sévère pour réprimer la spéculation sur les produits de première nécessité. Plusieurs commerçants qui ont emmagasiné des marchandises en vue de créer la rareté et augmenter ainsi artificiellement leur marge ont été arrêtés et jugés sur la base de la nouvelle loi dont les peines peuvent aller jusqu’à 30 ans de prison dans les cas extrêmes. A titre d’exemple, hier seulement, les policiers de la daïra de Rogassa (El Bayadh) ont saisi 485 litres de l’huile de table subventionnée destinés à la spéculation avec l’arrestation du mis en cause dans cette affaire.

Quelque peu efficace, une telle dissuasion demeure, cependant, insuffisante pour équilibrer un marché perturbé, en partie, par les conséquences de la crise sanitaire puis les retombées de la guerre en Ukraine sur l’alimentation du monde entier.

Les autorités ont pris plusieurs mesures pour agir sur la mercuriale et court-circuiter les menées éventuelles de spéculateurs et des marchands indélicats. Les prix y seront plafonnés et à la portée des revenus faibles dans des lieux de ventes répartis sur tout le territoire et, en principe, bien achalandés avec des prix étudiés.       

Même le poisson, d’ordinaire inaccessible à la majorité de la population, sera disponible à travers une opération de vente directe du producteur au consommateur. Près de 400 espaces proposeront des produits de pêche et d’aquaculture dont la daurade à 1.090 DA, le tilapia à 550 DA ainsi que le thon et la sardine cédés à prix d’usine.

Avec une inflation de plus de 9%, un chômage qui demeure important et une économie léthargique depuis des années, les Algériens subissent une importante érosion de leur pouvoir d’achat. C’est pourquoi, pour atténuer les effets de cet appauvrissement, le gouvernement a mis une sorte de filet constitué de subventions, de valorisation des pensions et des retraites ainsi qu’une allocation chômage pour les primo-demandeurs.

En parallèle, la société continue à faire preuve de solidarité avec les plus faibles, surtout pendant le ramadan. Comme chaque année, des repas gratuits et des couffins remplis de victuailles seront distribués aux nécessiteux.

En attendant une reprise de la croissance et de l’emploi, une partie importante des habitants peine à boucler les fins de mois, mais la situation n’est pas dramatique. Il est vrai que la mendicité est de plus en plus visible dans les rues et certains pauvres n’hésitent plus à se servir dans les bennes à ordures, mais le phénomène est jugé avec compassion par ceux qui ont les moyens de se nourrir.

L’écart entre riches et démunis s’est, certes, considérablement creusé durant les deux dernières décennies sans que cela devienne une culture établie comme dans d’autres pays où les classes sociales sont distinctement séparées.

D’ailleurs, l’Etat a souvent réaffirmé son caractère social et sa volonté de soutenir les moins nantis. Toutefois, même si les recettes extérieures du pays se sont nettement améliorées à la faveur de la remontée des cours des hydrocarbures, l’Algérien lambda se plaint toujours de ne pas en profiter pleinement. Un sentiment qui le rend fragile aux discours pouvant l’inciter à exprimer sa colère, mais pour l’instant l’état d’esprit de la population semble préférer la patience et la paix.    

Mourad Fergad

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