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Après la sortie de route de Macron : Alger déclenche un tir de barrage contre l’Elysée

Moins de vingt-quatre heures après les propos “inadmissibles” et “irresponsables” tenus par le président Macron, l’Algérie a décidé de prendre des mesures concrètes contre la France pour exprimer son mécontentement.

Un nouvel épisode de tensions semble sur le point de s’ouvrir en l’Algérie et la France. Les propos  ” irresponsables “, comme les a qualifiés le communiqué de la Présidence algérienne, ont suscité un fort émoi à Alger. Des plus hautes autorités, aux médias, jusqu’aux milieux populaires, les mots du président Emmanuel Macron ont été sentis comme une profonde offense au pays et à son histoire. 

“Les propos en question portent une atteinte intolérable à la mémoire des 5.630.000 valeureux martyrs qui ont sacrifié leurs vies dans leur résistance héroïque à l’invasion coloniale française ainsi que dans la Glorieuse Révolution de libération nationale”, déplore le communiqué de la Présidence. “Les crimes de la France coloniale en Algérie sont innombrables et répondent aux définitions les plus exigeantes du génocide contre l’humanité. Ces crimes qui ne sont pas prescriptibles, ne sauraient faire l’objet d’une manipulation des faits et d’interprétations atténuantes”.

Pour la Présidence de la République, “la propension des nostalgiques de l’Algérie française et des milieux qui se résignent difficilement à l’indépendance pleine que les Algériens ont gagnée de haute lutte, s’exprime à travers de vaines tentatives d’occulter les exactions, massacres, enfumades, destructions de villages, des centaines de +Oradour-Sur-Glane+, éradications de tribus de résistants, qui sont des génocides en séries que les acrobaties conceptuelles et les raccourcis politiques ne parviendront jamais à occulter”.

Sortie de route

La sortie de route de Macron risque de remettre en cause le travail sur la mémoire, cher à son cœur, qu’il voyait comme le meilleur moyen pour apaiser les cœurs des deux côtés de la Méditerranée. “Cette malencontreuse intervention qui heurte fondamentalement les principes devant présider à une éventuelle coopération algéro-française en matière de mémoire, a l’incorrigible défaut de tendre vers la promotion d’une version apologique du colonialisme au détriment de la vision établie par I’Histoire de la légitimité de luttes de la libération nationale, alors que rien ni personne ne peut absoudre les puissances coloniales de leurs crimes, y compris les massacres du 17 octobre à Paris dont l’Algérie et sa communauté établie en France s’apprêtent à commémorer dans la dignité”. 

Sur un plan plus contemporain, les déclarations du chef de l’Etat français ont été jugées comme une tentative de rabaisser intentionnellement, pour des considérations hégémoniques et néocoloniales, l’Etat algérien. Selon la Présidence, “les appréciations superficielles, approximatives et tendancieuses énoncées en ce qui concerne l’édification de l’Etat national algérien ainsi que sur l’affirmation de l’identité nationale relèvent d’une conception hégémonique éculée des relations entre Etats et ne sauraient, en aucune façon, être compatibles avec le ferme attachement de l’Algérie à l’égalité souveraine des Etats”.

L’esclandre a déjà dépassé les joutes orales. Vingt-quatre heures après le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris, les autorités ont décidé, sans même l’annoncer, d’interdire le survol du territoire national aux avions militaires français en partance pour la bande sahélo-saharienne.

“Ce matin, en déposant les plans de vol de deux avions, nous avons appris que les Algériens fermaient le survol de leur territoire aux avions militaires français”, a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’état-major, le colonel Pascal Ianni, confirmant des informations révélées par le quotidien Le Figaro.  L’état-major n’a reçu aucune notification officielle de cette décision, a-t-il précisé. Ces appareils empruntent habituellement l’espace aérien algérien pour rejoindre le Sahel, où sont déployés 5.000 militaires français.

A la lecture du communiqué de la Présidence, on sent que l’Etat compte appliquer d’autres mesures pour donner un contenu à son rejet “catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures”.

 Rappelons que le président français avait proféré, lors d’un échange avec une vingtaine de jeunes descendants de protagonistes de la Guerre de libération, des paroles inacceptables du point de vue algérien. Ces déclarations, retranscrites samedi par le quotidien Le Monde et non démenties par l’Elysée, risquent de former le combustible pour une nouvelle crise diplomatique entre la France et l’Algérie.

Ali Younsi-Massi

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