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Ali Daoudi (agroéconomiste) : la facture alimentaire de l’Algérie risque d’exploser

superet alimentation générale a Alger

Les cours du blé ont fortement augmenté ces derniers temps, passant de 150 dollars la tonne en 2015 à près de 400 dollars la tonne aujourd’hui. Cette hausse impactera directement la facture alimentaire d’un pays comme l’Algérie où on dépend de l’importation des céréales pour se suffire à notre alimentation. Selon l’agroéconomiste Ali Daoudi, la facture alimentaire de l’Algérie pourrait connaitre une hausse difficilement supportable au cas où les prix du pétrole venaient à connaitre une chute brutale.

Même s’il exclut la pénurie en Algérie, l’agroéconomiste s’attend à une hausse de la facture d’importation des céréales. Pour autant, il estime que les gains consécutifs à la hausse des cours du pétrole permettent à l’Algérie de supporter la hausse des prix, qu’il qualifie d’inédite.

C’est pourquoi, l’agroéconomiste a estimé aujourd’hui que l’Algérie a tout intérêt à se doter d’une véritable politique de sécurité alimentaire.

Intervenant à la radio chaine 3, il a précisé que le contexte géopolitique actuel montre que « l’arme alimentaire » est une menace brandie par « les grandes puissances mondiales, qui ont bien compris que la souveraineté agricole devient un attribut qu’il faut maîtriser ».

Le professeur à l’Institut national d’agronomie (INA) déplore que « les plans d’actions ne s’inscrivent pas dans une vision claire avec des moyens suffisants ». Il appelle à « augmenter le budget consacré au développement de l’agriculture et à l’utiliser plus efficacement, à travers une stratégie claire et des instruments évalués régulièrement pour l’élaboration desquels les agriculteurs doivent être impliqués.»

Pour ce spécialiste, impliquer les acteurs du monde agricole dans l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie de développement du secteur permettra, en outre, de les intégrer dans la sphère formelle de l’économie et d’améliorer le rendement agricole.

L’expert décrit des conditions géopolitiques qui ont fortement perturbé le fonctionnement du marché mondial, et d’une manière assez inédite ces quinze dernières années, où « les prix ont atteint des niveaux très élevés, qu’ils n’avaient pas atteint depuis 2008, ce qui fait craindre des situations de pénurie ».

L’agroéconomiste craint que le conflit entre l’Ukraine et la Russie, deux grands pays producteurs de céréales et d’oléagineux, ne perturbe l’offre mondiale sur le marché. Il s’inquiète également d’une annonce récente de la Chine concernant des conditions climatiques défavorables et d’une forte probabilité d’une faible récolte, ce qui annonce, selon lui, « le retour de la Chine sur le marché mondial en termes d’achats ». Si ces prévisions se confirment, « on risque d’avoir une demande supérieure de la Chine sur le marché mondial, même si, par ailleurs, les Etats-Unis ont rassuré, de leur côté, sur les tendances de la production pour l’année en cours », relève le Pr Daoudi.

De cet épisode difficile, l’expert appelle à retenir les leçons : « d’abord, la fin définitive de la période d’abondance et de prix bas des produits agricoles sur le marché mondial ». Le Pr Daoudi prédit « une hausse de la demande mondiale avec une offre qui aura du mal à suivre et des crises de plus en plus fréquentes ». Il appelle à se préparer à ce type de scénarios et recommande « la création d’une Agence de sécurité alimentaire : un organe qui serait indépendant, qui ne subirait pas la pression des décisions à court terme et pourrait accompagner les gouvernements successifs dans la mise en œuvre d’une stratégie agricole à long terme ».

Aziz T.

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