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A la fin de son périple dans la région : le passage à vide de Blinken à Alger

L’hospitalité légendaire des Algériens semble avoir fait exception du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken. Son arrivée, hier, à Alger, en provenance de Rabat, est passée presque inaperçue.

La visite d’un aussi haut dignitaire de Washington dans un pays est toujours un événement important. A plus forte raison lorsque celle-ci est liée à un agenda international chargé de menaces comme c’est le cas aujourd’hui à cause de la guerre en Ukraine. Toutefois, les autorités algériennes semblent embarrassées de recevoir cet hôte, certes puissant, mais qui est venu leur demander, selon toute vraisemblance, l’inconcevable : rejoindre une alliance antirusse même de pure forme.

D’autant plus qu’Antony Blinken a commis aux yeux d’Alger plusieurs péchés capitaux avant d’atterrir sur le tarmac de l’aéroport Houari Boumediene l’auteur de la célèbre sentence : « Je suis avec la Palestine, qu’elle soit injuste ou opprimée ». En effet, avant de venir en Algérie où il n’est resté que quelques heures, le chef de la diplomatie américaine s’est rendu en premier à Tel-Aviv pour y rencontrer les responsables de l’Etat sioniste. Il a ensuite eu une curieuse réunion avec les dirigeants de certains pays arabes dans un kibboutz situé dans le désert du Néguev. Dans ce lieu-dit où est enterré le fondateur d’Israël David Ben Gourion, Blinken s’est entretenu avec les chefs de la diplomatie de l’Égypte, du Maroc, des Émirats arabes unis et du Bahreïn.

Après quoi, il s’est envolé au Maroc pour des discussions avec son homologue du royaume Nasser Bourita qui l’a reçu pendant près de trois heures. Evidemment, la guerre en Ukraine était au centre des pourparlers mais également la situation au Sahel, en Libye et au Sahara occidental. Sur ce dernier dossier, Blinken a réitéré le soutien américain au plan d’autonomie qu’il a jugé «sérieux, crédible et réaliste» présenté par le Maroc pour régler le «différend» qui l’oppose au peuple sahraoui. Il a, cependant, exprimé l’appui de son administration à l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, et au «processus politique». A Alger, lors de la conférence de presse qu’il a tenue à l’ambassade de son pays, il a légèrement édulcoré ses propos pour ne s’en tenir qu’à un règlement du conflit par la voie des lois internationales. Il a, lors de la même tribune, fait l’éloge de l’Algérie qu’il a qualifiée de pays important dans la région où, selon lui, elle joue un rôle stabilisateur.

Le passage du responsable américain dans la capitale algérienne ne laissera certainement pas un souvenir indélébile surtout qu’il intervient 24 heures après l’élimination de l’équipe nationale de football face au Cameroun lors des qualifications pour la Coupe du monde. Un événement qui revêtait hier une importance autrement plus importante que les questions géopolitiques même si Blinken a dit que la guerre en Ukraine aura des répercussions sur le Monde arabe.

Côté algérien, rien n’a filtré sur la teneur des tête-à-têtes que le président Abdelmadjid Tebboune et le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra ont eu avec lui. Lui-même est resté quelque peu évasif sur le contenu de ses entretiens avec les deux hommes se limitant à exposer les titres des principaux chapitres passés en revue.

Cela dit, en analysant son attitude et la réaction feutrée de la partie algérienne, il apparaît clairement que la visite de Blinken à Alger n’a pas dépassé les considérations protocolaires sans déboucher sur des résultats probants.

Ali Younsi-Massi

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