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Réussir, c’est produire des chiffres vrais

En termes académiques, l’Algérie vit sous un régime de statistiques imparfaites. Un euphémisme qui qualifie les pays où les chiffres sont approximatifs, parfois faux, voire triturés comme à l’occasion des élections ou de la publication des bilans des sociétés.
Cette pratique s’étend à tous les secteurs et donnent une vision distordue de la réalité, un peu comme un tableau de bord de voiture qui affiche des indications erronées. On peut conduire un tel engin, mais le risque de panne et même d’accident y sont beaucoup plus importants que sur un véhicule aux données fiables. Il en va ainsi des Etats. Lorsque leur gouvernance s’appuie sur des chiffres qui ne reflètent pas la réalité, il ne faut pas s’étonner que leur fonctionnement soit défaillant. Le Conseil national économique, social et environnemental (CNES) a pour rôle de fournir régulièrement au gouvernement et à toutes les institutions publiques ainsi qu’à l’opinion un état des lieux le plus près possible du réel. Les analyses qu’il produit crédibilisent les actions du pays même à l’étranger. C’est d’ailleurs ce qu’a déclaré Réda Tir, le président du CNES à la radio nationale, en affirmant que l’autonomie de son organisme a été « exigée par les instances internationales », notamment par l’Organisation internationale du travail.
De toute façon, aucun partenariat, aucun investissement, aucun accord ne peut se faire dans un flou artistique. Dans un monde de plus en plus imbriqué et interdépendant, les pays dont les chiffres sont inexacts suscitent méfiance et suspicion. C’est pour cette raison que dans les nations développées, tous les secteurs, toutes les entreprises, les institutions et toutes les organisations produisent à profusion des statistiques. Ils accroissent ainsi leur visibilité mais aussi leur attractivité. Ils répondent enfin à l’impératif de la traçabilité de leurs activités et la provenance de leurs capitaux.
Ces mœurs sont loin d’être ancrées dans la mentalité algérienne. D’ailleurs, jusqu’à présent, il n’y a eu qu’un seul responsable qui a tenté de changer les choses mais il a dû démissionner tant la réaction du pouvoir de l’époque était véhémente. Feu Mohamed Salah Mentouri, décédé le 5 septembre 2010, était adepte du «Savoir, c’est pouvoir» d’Ernest Renan et de la maxime qui veut que « gouverner, c’est prévoir. » Cela dit, il faisait face à des décideurs qui ne l’entendaient pas de cette oreille. Résultat, l’Algérie, qui a bénéficié d’une impressionnante manne financière, est aujourd’hui dans une crise financière et économique étouffante après avoir gaspillé plus de 1000 milliards de dollars en quelques années.

Mohamed Badaoui

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