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Par Madjid Khelassi : Broderie anglaise

La langue française occupe et préoccupe plus que jamais certains membres du gouvernement. Cette fois-ci, c’est le ministre de l’Enseignement supérieur qui procède aux changements des en-têtes des documents relevant de son ministère. Désormais, les correspondances se feront dans la langue de Shakespeare. Exit Molière renvoyé sine Die sans autres formes de procès. C’est simple, rapide et sans réflexions. Ce sera « in English » dans le texte. Bye bye les accords d’Evian qu’il faudra traduire, les archives de la guerre d’Algérie toujours séquestrées à Aix, les échanges diplomatiques, culturels, scientifiques et tutti quanti ! Notre résurrection sera perfide comme Albion. Et il ne nous restera plus qu’à nous arrimer au Commonwealth. En-têtes d’abord et le reste ensuite. Madjer ne pourra plus dire : « Taisez-vous » mais Shall up ! D’où son bec cloué pour la vie. Anglicisation instantanée…oblige, il va falloir mettre les bouchées doubles pour ne pas rater l’issue incertaine du Brexit, et faire de Londres, la destination privilégiée des Algériens. Au fait comment dira-t-on Hirak en anglais, et Yatnahaw gaa, et gouvernement de liquidation des affaires courantes ? Flippant tout ça ! Pour la Eissaba, c’est facile, le mot gang est depuis longtemps dans nos mœurs. Mais comment dire, Grande ourse, éclipse du soleil, incarcération industrielle, mal-vie, diplômes ne servant à rien, peuple sans vacances, piston à tout va, liberté d’expression, l’âme tamazight et le mouton de Djelfa, El Harga, la charrue avant les bœufs, l’été sans climatiseur, l’inventaire à la Prévert, l’argent détourné et moisissant dans les banques suisses, l’amertume des recalés du bac, la cruauté faite aux médecins de garde, la jeunesse éternelle via la chirurgie, la liberté obligée, la fraude dans les impôts, l’urne, et les examens ? C’est presque Faustien ! Qu’est-ce que cela va être quand ce sera shakespearien ! Un ministre faisant partie d’un gouvernement chargé de la liquidation des affaires se réveille un beau matin et change les en-têtes des documents de son secteur…La charrue avant les bœufs est difficile à traduire mais qu’à cela ne tienne. L’auberge espagnole est déjà anglaise. Une consolation, les footeux sont déjà en avance sur le génial ministre de l’Enseignement supérieur. Ils ont dû sûrement l’inspirer avec le one, two, three. La broderie anglaise appliquée à l’enseignement est d’une absurdité qui se fracasse sur le “no comment” !

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