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Législatives : un scrutin aux enjeux historiques

Les élections d’hier constituent une chance pour le courant islamiste de s’emparer du pouvoir législatif. En face, le FLN et le RND, ces mastodontes rompus à la pratique du pouvoir, veillent pour reprendre la barre de commande. Mais c’est des candidats non partisans que la surprise peut venir.

Trente ans après les élections législatives annulées après la victoire du Front islamique du Salut (FIS), l’Algérie a rendez-vous, aujourd’hui, avec un autre scrutin aux enjeux historiques. En dépit de l’atmosphère lourde et contestataire qui règne sur le pays, l’Etat a maintenu sa décision de former une nouvelle Assemblée populaire avec des candidats avec ou sans parti.

L’absence de plusieurs formations se revendiquant de la mouvance démocratique et les pronostics d’un fort taux d’abstention n’ont pas fait reculer les autorités. Le soutien des partis islamistes et des appareils qui avaient servi avec zèle et abnégation le pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika semble leur suffire. Le renfort de candidats dits indépendants dont la plupart n’ont aucune expérience politique a renforcé leur détermination pour mener cette opération qui se tient dans un climat de tension jamais vu depuis l’indépendance.

Ainsi, le Mouvement de la société pour la paix d’Abdelaziz Makri, El Bina d’Abdelkader Bengrina, le Front de la justice et du développement d’Abdallah Djaaballah, le Mouvement El Islah de Flilali Ghouini, et Ennahda de Yazid Benaïcha sont, du moins sur le papier, les plus près de s’emparer d’une grande partie des sièges de l’Hémicycle. Leur base large, leur organisation et la mobilisation de leurs troupes peuvent faire la différence lors du comptage des voix. Abdelkader Bengrina a même mené une campagne dans le burnous d’un futur chef de gouvernement.

Au regard de la cartographie politique que ces législatives permettent de dessiner, l’Algérie est en passe de devenir théoriquement un Etat islamiste. Car même parmi les candidats sans affiliation partisane, dont une liste formée par des imams, nombreux sont ceux qui ont fait montre d’une propension à un Etat théocratique.

Il est vrai que, en face, deux mastodontes rompus à la pratique du pouvoir veillent à garder la mainmise sur les affaires du pays. Le Front de libération nationale, d’Abou El Fadhl Baâdji et le Rassemblement démocratique national de Tayeb Zitouni espèrent revenir à la barre de commande comme des faiseurs de pluie et de beau temps.

Il est également probable que les listes indépendantes raflent la mise avant que leurs élus ne se rassemblent dans un camp commun pour peser sur les décisions. Cette tendance pourrait contrebalancer les calculs des grandes formations et créer une force inédite qui pourra justifier le slogan officiel de «l’Algérie nouvelle». Ils sont plus de mille candidats inscrits sur 837 listes qui espèrent une telle issue.

Quoi qu’il en soit, les autorités ont certainement prévu des mécanismes et des verrous pour anticiper d’éventuelles mauvaises surprises. La prochaine Assemblée populaire nationale qui prendra possession, durant cinq ans, du pouvoir législatives doit rester sous contrôle. C’est sans doute pour cela que le mode de scrutin a été changé. Ainsi, pour la première fois en Algérie, «la liste ouverte à la représentation proportionnelle» départagera les divers prétendants et évitera du coup un raz-de-marée partisan.

En tout état de cause, ce tournant politique est intensément vécu par les gouvernants et les gouvernés au regard de ses conséquences sur le pays. Il est également sûr que dans le voisinage de l’Algérie ainsi que dans les capitales européennes son déroulement est suivi à loupe.

 Mohamed Badaoui

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