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L’écume des… jougs

“En Vrac” par Madjid Khelassi :


Révolution…dit le dictionnaire :  rotation complète d’un corps mobile autour de son axe. Net et précis car c’est scientifique. Dans une autre déclinaison plus abrupte, le dico dit : Changement brusque et violent dans la structure politique et sociale d’un Etat qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend le pouvoir.  Si aucune de ces deux définitions ne semble imager le Hirak algérien, une troisième paraît plus appropriée : Pour une futaie, temps nécessaire pour obtenir la régénération complète d’une forêt. 

Il était une fois un certain 22 février 2019…Et tout à coup, l’Algérie eut l’air jeune, élégante, civique, pacifiste. Faute de fleurir tout de suite, cette révolution du sourire, glissa tout d’un coup, sur le pourpoint d’une soudaine soif de liberté.

Et le miroir se brisa. Miroir sans tain de 57 ans de pensée unique. Ce n’était plus de la politique ou de l’idéologie mais la mélodie d’un espoir démocratique contrariée depuis plus d’un demi-siècle. 

Boutef et sa Issaba, qui rapinèrent pendant 20 ans, se brisèrent comme un nuage d’été. Et patatras ! Comme une  tragédie antique, la double décennie Bouteflikienne avait une fin, inexorable, inéluctable. 

L’écume des jougs s’évapora et les chimères longtemps porteuses se fracassèrent sur le mur d’un peuple nouveau. 

Vendredi sur vendredi, le sourire d’une révolution sans rictus balaya la bande et s’installa dans son nouveau logis…La rue. Portée par des millions d’âmes, elle se ravitailla en vol, au sol . D’Est en Ouest, de Nord à Sud, tout un peuple mouilla sa chemise pour une liberté jamais tâtée. 

L’été donna l’impression à beaucoup que le Hirak n’était qu’une pauvre alouette qui ne chanterait qu’un printemps. Septembre et sa rentrée sociale vinrent se rappeler au bon souvenir du Hirak. Ruée sur Alger et sur les grandes villes du pays et annonce de la date des élections présidentielles. Ribambelles de candidats, parmi lesquels d’anciens dirigeants. C’est la course à l’échalote dans un contexte inédit. Arrestations des figures de proue du Hirak, désignation de la commission d’organisation et de surveillance des élections. 

L’ambiance est à la joie abstraite des interrogations. Mouloud Hamrouche sort de chez lui, et de son silence vocal, et en ne nous disant pas tout, il dit assez pour que nous comprîmes que la gouvernance est une éthique avant d’être un sale boulot.

 Révolution, a dit le dictionnaire…Pour une fois, le Larousse n’a pu définir un mot… le Hirak, cette révolution du sourire qui bouleverse déjà toute  la planète. 

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