Abdelmadjid Tebboune chez Ahmed Taleb Ibrahimi
Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a rendu visite, lundi, au moudjahid et ancien ministre Ahmed Taleb Ibrahimi en son domicile pour s’enquérir de son état de santé, indique un communiqué de la présidence de la République.
Le communiqué ajoute que le Dr Ahmed Taleb Ibrahimi , qui “s’est dit profondément ému par cette visite, a remercié le président de la République pour cette aimable attention, lui souhaitant plein succès pour ses efforts au service de la patrie au plan interne et pour que l’Algérie retrouve la place qui lui sied sur la scène régionale et internationale”.
Après avoir adressé au Dr Ahmed Taleb Ibrahimi ses vœux de bonne santé et longue vie, le Président Tebboune l’a informé de certains aspects du changement global engagé, à commencer par la profonde révision de la Constitution, qui doit faire l’objet de la plus large entente nationale possible, poursuit la même source.
A ce propos, Dr. Ahmed Taleb Ibrahimi a présenté sa vision de l’avenir dans le cadre de la consolidation de l’unité nationale pour l’édification d’un front interne solide et la protection de l’identité nationale et des valeurs et constantes de la Nation”, conclut le communiqué.
La démarche de Tebboune renvoie l’image d’un Président qui change de méthode. Ahmed Taleb Ibrahim, de par son âge, son passé et son statut, est parfaitement l’homme à qui on se déplace, semble se dire le Président. Mais, pas que ça : d’un côté, le changement de méthode, la nouvelle image qu’il veut donner de lui et du nouveau pouvoir qu’il incarne, l’exige. De l’autre côté, le geste de Tebboune ne peut échapper à une lecture politique. L’ancien ministre des Affaires étrangères et ancien candidat à la présidentielle de 1999, représente un courant solide de la mouvance islamiste et «arabiste». Ses partisans sont allés jusqu’à réclamer la victoire lors de la présidentielle de 1999 à laquelle Taleb et cinq autres candidat se sont retirés. Durant le règne Bouteflika, Ahmed Taleb a été pratiquement interdit de faire de la politique. Yazid Zerhouni, le ministre de l’Intérieur de Bouteflika, avait fait de l’exclusion de Taleb, à travers le refus d’agrément de son parti, une affaire personnelle. Il est fort possible que le gel de création des partis politiques, pourtant un droit consacré par la Constitution, durant plus d’une décennie, a été décidé pour empêcher Taleb et Hamrouche, de créer leurs partis.
Le Dr Taleb s’est, durant les trois premiers mandats de Bouteflika, muré dans un silence. A l’approche du 4e , Taleb, avec de ses compagnons, Ali Yahia Abdennour et le général Rachid Benyelles, se sont exprimé en refusant un 4e mandat pour Bouteflika. La même position en 2019 lorsque l’orchestre du 5e mandat s’est mis en branle.
Le nom de Taleb a largement circulé, des mois durant, le présentant comme l’homme de la situation, capable de gérer la transition. Certaines officines l’ont approché. L’offre a été repoussée, surtout qu’elle n’émanait pas du cœur du pouvoir, mais de sa lointaine périphérie. Mais l’homme est resté présent. Ces positions, depuis le 22 février, sont restées le plus proche possibles de l’opposition. Son idée centrale est que le pouvoir réel (c’est-à-dire l’armée) doit négocier avec les représentants du hirak.
Aujourd’hui, la situation a changé. Un nouveau Président est là. Les lettres de Taleb se sont tues. L’appel à des négociations entre l’Armée et le hirak est, visiblement, passé de mode. Toujours est–il que Taleb, même s’il n’a pas d’ambitions, son influence reste intacte, et Tebboune n’a pas intérêt à se trouver de l’autre côté de la barricade.
Hamma Sadek
