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Gestion du variant delta : la Santé publique au pavillon des urgences

La panique s’est emparée des Algériens ces deux dernières semaines à cause de la crise de l’oxygène. Les familles qui ont un ou des patients atteints de Covid-19 remuent en ce moment ciel et terre à la recherche de médicaments et de condensateurs pour soulager la détresse respiratoire des souffrants.

La vie n’est pas en premier lieu l’eau. On peut vivre quelques jours sans boire. La vie, c’est l’oxygène. Il suffit d’une courte interruption pour que les organismes vivants dépérissent puis meurent. Pour l’humain, cinq petites minutes d’interruption de ce gaz vital suffisent pour détruire les cellules cérébrales et causer des dommages irréversibles à l’encéphale ou la mort.

D’ailleurs, sans oxygène, il n’y aurait pas d’eau. Ce liquide est formé par l’association de deux atomes d’hydrogène et un autre d’oxygène : H2O, la célèbre molécule qui étanche la soif, irrigue les champs et tombe en pluie salutaire. Or, les deux matières, parmi les plus abondantes dans l’atmosphère terrestre, manquent cet été 2021 en Algérie. En temps de pandémie, cette pénurie est vécue par la population comme une tragédie.

La panique s’est emparée ces derniers jours du pays qui connaît une ruée vers l’oxygène médicinal et les concentrateurs qui permettent son utilisation. Les hôpitaux n’arrivent pas à fournir cette matière à tous les malades en détresse respiratoire. Alors les familles se chargent de courir à droite et à gauche pour s’en débrouiller. Evidemment, dans une situation de rareté, la spéculation remplace le marché régulier et porte les prix à des niveaux obscènes. Des trafiquants n’ont pas hésité à enflammer une scène déjà dramatique pendant que des malades meurent de suffocation.

En face, la solidarité s’organise. Sur les réseaux sociaux, à travers le bouche-à-oreille, les citoyens se mobilisent, s’échangent des numéros de téléphones et des adresses d’associations ou de particuliers qui viennent en aide aux souffrants. Des médicaments comme le Lovenox sont ainsi proposés, parfois gratuitement, aux familles des malades qui se chargent de les acheminer aux structures dédiées aux soins Covid. Il est, en revanche, plus difficile de trouver des respirateurs ou des bonbonnes d’oxygène en prêt, à la location ou à l’achat. Ces équipements ne sont pas disponibles en grande quantité. Alors, on sollicite des proches installés à l’étranger ou on contacte directement des fournisseurs en Europe et en Chine.

Le ministère de la Santé a consenti d’autoriser les particuliers à acheter ces extracteurs à l’étranger avec un minimum de formalités et sans taxe douanière. En parallèle, l’Etat a mis ses moyens pour importer des milliers d’appareils. Dans l’urgence, on pense aussi doter les établissements de santé d’unités de production d’oxygène.

La machine s’emballe donc pour parer au plus pressé mais les retombées sur le moral de la population sont désastreuses. Déjà que les pénuries d’eau en pleine chaleur étésienne suscitent la colère et le ressentiment, voilà que la mort par étouffement menace ceux qui ont le malheur de contracter le Covid-19.

Le ministère de la Santé et le Comité scientifique de suivi de la pandémie n’ont pas anticipé une situation où l’oxygène venait à manquer. Le ministre Abderrahmane Benbouzid a avoué que son département a été pris de court par le variant delta, alors que l’OMS, notamment, multiplie les mises en garde depuis des mois contre une flambée de l’épidémie en Afrique.

L’année dernière, les autorités avaient pourtant annoncé l’arrivage massif d’appareillages pour équiper des lits spécialisés et soulager ainsi les malades souffrant de détresse respiratoire. Que s’est-il passé entre-temps ? Le mystère est entier.

Quoi qu’il en soit, la crise de l’oxygène a révélé la situation inquiétante de la Santé publique en Algérie. Elle a également mis en évidence l’esprit de solidarité et de débrouillardise des Algériens qui ont comblé les lacunes du système.

Mohamed Badaoui

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