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Enseignement supérieur : le système LMD doit être revu et corrigé

La réforme de l’enseignement supérieur par l’adoption du système LMD (licence, master, doctorat) a échoué. « Des correctifs nécessaires » doivent être apportés pour aboutir à « sa vraie philosophie », selon Abdelbaqi Benziane, le ministre du secteur.
Un coup d’œil rapide sur le site du ministère de l’Enseignement supérieur est suffisant pour savoir que le Système LMD était condamné dès le départ. Sous l’onglet « réformes » écrit en arabe, un texte en français écrit à l’envers, commençant par les signes de ponctuation et s’achevant en queue de poisson, en donne la mesure. On y lit : « Par son implication dans la prise en charge des impératifs de développement qui s’imposent à un pays en pleine mutation, le secteur de l’enseignement supérieur a lancé une réforme des enseignements qui entend faire jouer à l’université un rôle central entre, d’une part, l’aspiration des citoyens, en particulier notre jeunesse, à construire un projet d’avenir en bénéficiant d’une formation supérieure de qualité qui leur procure les qualifications nécessaires à une bonne intégration dans le marché du travail et, d’autre part, la satisfaction des besoins du secteur socioéconomique dans sa recherche de compétitivité et de performance en lui assurant une ressource humaine de qualité capable d’innovation et de créativité et en prenant une part active dans l’essor de la recherche développement (R&D) ». La phrase qui donnerait le tournis à Marcel Proust, célèbre par la longueur des siennes, pèse 122 mots. Elle a certainement été rédigée par un bureaucrate dont le souci premier est de ne pas se faire comprendre. Le pavé entasse pêle-mêle des considérations idéologiques, des aspirations nationalistes et un amas de vœux pieux.

Même quand le texte se veut concret en détaillant les caractéristiques du LMD, voilà comment il les présente, et toujours de droite à gauche : « Sur le plan des enseignements, le système LMD se caractérise par : une nouvelle architecture des enseignements, une réorganisation des enseignements, l’évaluation et l’habilitation des offres de formations, des contenus des programmes pédagogiques innovants ». Ou encore : « Les contenus des programmes pédagogiques doivent être conçus pour répondre à la satisfaction des besoins multiformes de la société et de l’économie.»
Ce chef-d’œuvre d’imprécision et de formules vagues n’est, à peu près, déchiffrable que dans un seul compartiment, celui de la réorganisation de l’enseignement. « Les enseignements supérieurs sont organisés en semestres composés d’unités d’enseignement (U.E.). Les formations sont regroupées en domaines de formation. Un domaine de formation est un édifice cohérent recouvrant plusieurs disciplines. Les formations sont proposées sous la forme d’offres de formation qui se déclinent en : Domaine – filière – spécialité. Les enseignements et la formation reçus sont mesurés en crédits et non en années d’études : Il faut réunir 180 crédits pour obtenir la Licence. Il faut réunir 120 crédits, après la Licence, pour obtenir le Master. Les crédits sont l’unité de compte qui permet de mesurer le travail de l’étudiant pendant le semestre (cours, TD, TP, stage, mémoire, travail personnel…). Les crédits sont capitalisables et transférables d’un parcours à un autre. »
Question à deux dinars, c’est quoi un crédit ? Comment l’obtenir ? Comment se déroule la formation de l’étudiant de la première année jusqu’à la dernière ? Il faut chercher ailleurs que sur le site du MERS.
Quant à l’évaluation, qui a été pointée du doigt par le ministre de l’Enseignement supérieur, comme étant le talon d’Achille du système, elle est présentée ainsi : « L’évaluation et l’habilitation des offres de formations. L’offre de formation est construite par l’équipe de formation et proposée par l’établissement sous forme d’un cahier des charges. Les cahiers des charges sont soumis à une procédure d’évaluation et d’habilitation : Au niveau régional : expertise et évaluation par les Commissions régionales d’évaluation (CRE), puis validation par les Conférences régionales. Au niveau national : Validation et habilitation par la Commission nationale d’habilitation.»
En conclusion, si on se réfère à la présentation officielle, on ne peut s’empêcher de sentir que la réforme a été faite dans la précipitation, voire la confusion, et sans organisation rigoureuse. Et, pour paraphraser mais en l’inversant, la célèbre formule de Nicolas Boileau-Despréaux : ce qui ne se conçoit pas bien s’énonce vaguement, et les mots pour le dire arrivent difficilement.

Mohamed Badaoui

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