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“En vrac” par Madjid Khelassi : Un génocide iodé

1000 Harraga  provenant des côtes algériennes ont débarqué sur les rivages espagnoles en moins d’une semaine. Et ça n’arrête pas. Aussi, la Harga prend des  dimensions jamais atteintes. 

Ce n’est plus  une entreprise hasardeuse sur une felouque bancale, ou un embarquement clandestin sur un bateau étranger. C’est désormais très technique et très high-tech et bien entendu onéreux voire ruineux. 

La nouvelle dimension de la Harga, c’est sa nouvelle orientation. Car loin d’être une lubie momentanée , la Harga est un projet de vie, un pas  vers une autre destinée. 

La fin justifiant les moyens…On ne composte son passage qu’avec un joli pactole, qui approche les 100 millions de centimes par tête chercheuse d’un autre ailleurs. 

Matos nec plus ultra,- avec des embarcations dernier cri pouvant rallier les côtes espagnoles en moins de 3 heures-, et professionnalisation des passeurs qui vous garantissent l’arrivée à bon port, sont les nouveaux ingrédients de la tentation. 

Familles entières avec bébés, universitaires au chômage, anciens cadres dévalorisés, joueurs de foot connus…sont les nouveaux visages de la Harga made in Algéria. 

100 millions de centimes pour ce voyage en classe tous risques…La détresse n’a jamais été aussi muette et le désespoir si cher payé.

Argent et avenir, jetés comme un sort, sur une mer létale : les enfants d’Algérie, jouent chaque jour leur vie, à la roulette marine. 

Ah la mer, ex contrée intime de nos vies vacancières ! Alors pourquoi se fait-elle soudain terre promise menteuse et miroir de chimères payées avec les économies d’une vie ? 

L’Algérie est une marâtre à l’enfantement tellurique. Ceux qui s’en tirent sont plus nombreux que ceux qui plongent. D’où la ruée vers les eldorados imaginaires. 

Des milliers d’algériens faisant le saut de l’ange dans la sépulcrale Mare nostrum…l’effet papillon est un génocide iodé mais accepté…de plein gré, car payé en monnaie sonnante et fatalement trébuchante. 

A ce rythme , l’Algérie pourra, sans concurrent aucun, revendiquer la propriété exclusive de la Méditerranée, non pas en tant que mer, mais en tant que nécropole privée, car chèrement payée en vie humaine et matérielle.  

L’avenir et le désespoir dans une même barque…L’Atlantide est Numide et on ne le savait pas. Quelle tragédie mon dieu. 

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