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“En vrac” par Madjid Khelassi : Restos des chœurs…sordides 

Cela saute aux yeux, agresse les cortex, donne la nausée et laisse un sentiment de dégoût à nul autre pareil…C’est la saleté des rues…d’Alger et in extenso de toutes les villes d’Algérie.

Alger la blanche, dit-on, de la capitale algérienne…ou disait t-on, pour être plus juste.

Que reste t-il de sa  blancheur albâtre, qui se mire dans une baie couleur lavande?

Rien et un peu plus que rien. C’est-à-dire le néant…Le néant d’une ville réduite à sa saleté. Ville qui raconte à la fois un bonheur et un deuil.

Il était une fois la ville ! Ville d’Alger ou d’ailleurs…Souvenirs qui sentent le jasmin, le basilic, les murs tiédis à la chaux  et l’odeur si particulière de l’eau de mer, déversée par les camions-citernes …dans le rituel chorégraphique du nettoyage quotidien des rues.

Il 9 heures du matin, place Ketchaoua, dans la basse casbah d’Alger. L’esplanade est prise d’assaut par les camelots qui occupent chaque centimètre des lieux.

Tout est proposé à la vente…vêtements, vaisselle, cacahuètes, matelas à même le sol, rideaux en dentelle…décalée ,jusqu’à  obstruer tout passage, paperolles, cahiers ayant raté la rentrée scolaire, lingerie féminine osée, voisinant avec la prude Galabya orientale…c’est le souk d’avant la pierre taillée, réactualisé par la réalité commerciale chinoise.

Mais ce qui attire l’attention…c’est la bouffe, El Makla comme on dit ici. Menu crasse …tous risques garantis.

Il est midi…sur les étals de la boustifaille louche. Queue leu leu, danse des mâchoires et restos des chœurs…sordides .

Tout y passe : poivrons, bourek, m’hadjeb, maarek, merguez rouge carmin, omelette baveuse… de bactéries, Makrout, jus maison et limonade vendue au verre.

C’est l’informel du ventre servi dans un resto…qui est la rue…jonchée de saleté .

Pause déjeuner sur…l’air des tuyaux d’échappement et, qui finit par un thé ambulant, concocté à même l’asphalte, sur un réchaud- résistance branché on ne sait où.

Tel est le décor de ce coin d’Alger que n’aurait pas imaginé Dickens. Un cordon de policiers orne ce tableau que n’aurait pas désavoué Rabelais.

Il 18 heures sur la même place…La rue est d’une saleté proverbiale. Les vendeurs ambulants comptent leurs recettes. Et partent.

Et Le nettoyage, invité précaire, chez  les camelots, est absent. La ville dormira chaque nuit bordée par ses ordures.

Alger la blanche vire à «Alger la «vile». Et ses gestionnaires s’enfoncent plus que jamais sous les immondices de l’incompétence.

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