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“En Vrac” par Madjid Khelassi : le pain dans tous ses états

Ramadan débarque dans une ambiance délétère…l’huile sur le feu de la cherté, et le sucre sur un gâteau mal partagé, snobent  toutes les villes d’Algérie.

En un tour de main , l’huile, où baigne toutes nos désillusions et le sucre , seul luxe du pauvre, jouent au yoyo avec le citoyen- consommateur. Mais rien n’y fit…Si le sucre est présent , l’huile est aux abonnés absents.

Autre fait marquant , le pain disparaît avant midi de chez le boulanger, pour habiter le trottoir et voisiner avec les détritus. Exit l’huile jusqu’à la prochaine recherche .

Queues  leu leu vers le pain décliné en plusieurs versions…Pain de seigle , pain de mie , pain au son , pain aux olives, pain au chocolat grand-modèle…ça part dans tous les sens et finit vite.

Il est 14 heures et quelques…Plus de pain ambulant. Plus une miette.

Les derniers arrivés paniquent. Et une inquiétude pure gluten prend le relais. Que faire pour ne pas se faire engueuler par sa femme. Rien sinon fulminer.

Les plus démoralisés font le tour des supérettes. C’est en vain qu’ils cherchent le fantôme d’un pain venu se fourrer entre un détergent et un tube d’eau de javel. L’écho falsifié d’un jour sans pain se fracasse sur les visages désolés.

Les boulangers s’essuient les mains devant ce déplorable commerce du pain vendue dans la rue. Mais le pain vendue à la sauvette, c’est eux . Il est le fruit d’une mécanique bien farinée, qui vient déposer telles des batteries de Katioucha , les milliers de baguettes qui voisinent avec les ordures et les tuyaux d’échappement.

C’est un véritable « Club des pains »…de rue , qui a ses codes , ses horaires , ses intermédiaires , ses distributeurs. Du pain béni dans tous ses états pour cette faune .

Entre la douceur dorée d’un instant magique ( aujourd’hui perverti) , que donne l’acte de se rendre chez son boulanger et la température idéale,  de son horizon fariné, le pain tourne à la flûte désenchantée.

l’Algérie, agendée sur des ramadan à répétition grotesque via sa frénésie importatrice, ne s’inquiète jamais du « Making of » de son pain. Trop occupée à gérer le statut quo , elle ne se rend plus chez le boulanger.

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