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Des Assises nationales seront consacrées au sujet :comment développer l’économie par le savoir

Aujourd’hui s’ouvriront à Alger des Assises nationales destinées à étudier les conditions de transformer le pays de consommateur de savoir-faire étranger en producteur et exportateur de matière grise. Mais le passage du rêve à la réalité suppose une refonte profonde de l’environnement dans lequel se déroule le monde de la recherche.  

Quand un ministre du Commerce s’occupe de la langue des enseignes de magasins au lieu de réguler les pénuries et les malversations qui se déroulent, au vu et su de tous, dans son secteur, quelle place reste-t-il à l’économie du savoir ? Quand un porteur de projet ou un producteur d’idées se fracasse contre le mur de la bureaucratie et de l’absence de financement, est-il possible de créer des entreprises high tech qui peuvent suivre, parfois devancer, le rythme effréné du marché international ? On en rêve en Algérie. Toutefois, la réalité a la dent dure.

Selon des estimations, le nombre de brevets d’invention en Algérie a totalisé, de 2011 à 2018, quelques centaines seulement : 116 en 2011, 134 en 2012, 168 en 2013, 174 en 2014, 200 en 2015, 237 en 2016-2017 et 275 en 2018. Pas de quoi créer des technopoles de la taille de Samsung Seocho Town et encore moins la Silicon Valley.

Néanmoins, mieux vaut tard que jamais, les autorités ont décidé sous le conseil du Conseil national économique, social et environnemental (Cnesse) présidé par Rédha Tir de commencer même en titubant au départ.

Importantes réformes

Ainsi, des Assises nationales sur l’économie de la connaissance seront organisées, aujourd’hui et demain, au Centre international des Conférences (CIC) d’Alger pour préparer les conditions «permettant l’émergence d’une économie nationale basée sur la connaissance», selon les initiateurs.

Des têtes pensantes, dont plus de 200 experts nationaux et internationaux, et des dirigeants de tout acabit débattront sur « d’importantes réformes juridiques et règlementaires, pour permettre l’émergence d’une économie basée sur la connaissance», selon les organisateurs. Quelque 1 300 participants prendront part physiquement à la rencontre en plus d’une cinquantaine d’experts algériens de la diaspora qui assisteront aux travaux par visioconférence.

Les thématiques seront par ailleurs creusées en marge de l’événement à l’intérieur d’ateliers qui se pencheront concrètement sur la voie à suivre pour transformer l’Algérie de consommateur de savoir-faire étranger en exportateur de matière grise. Ainsi, il s’agira d’étudier « l’encouragement de la recherche et développement dans le secteur économique, le financement de l’innovation, la propriété intellectuelle, le transfert technologique, la formation, l’éducation et le renforcement des capacités ainsi que la gouvernance ».

C’est donc un chantier pharaonique qui s’ouvre bien qu’on ne sache pas comment cette ambition sera concrétisée dans un environnement qui a mis des décennies à fonctionner d’une manière à dérouter la raison. La nouvelle approche se veut « complètement inclusive », affirme le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l’économie de la connaissance et des startups, Yacine El Mahdi Oualid. Elle « permettra aux participants de contribuer avec leurs idées et leurs expériences, à façonner une vision commune, de ce que pourrait être le modèle algérien en matière d’économie de la connaissance». Amen !

«Une économie durable et plus ambitieuse»

Plus que cela, les Assises doivent mener à une « vision nouvelle de l’économie algérienne : une économie durable et plus ambitieuse », assure le même responsable. Une telle œuvre passera nécessairement par la mise en place « de véritables mécanismes à même d’encourager la recherche et développement au sein des entreprises pour augmenter leur compétitivité, ainsi que la réduction de la fracture numérique qui s’accentue et qui constitue un enjeu de souveraineté majeur », dit-il aussi.

Rédha Tir, le président du Cnesse n’est pas moins enthousiaste. Pour lui, les Assises offriront les conditions d’un « véritable lancée pour instaurer les bases de l’économie de la connaissance et contribuer à la construction d’un nouveau modèle économique dans notre pays ». Il n’a pas manqué de souligner, comme le font d’ordinaire les responsable d’hier et d’aujourd’hui, que « l’Algérie dispose des capacités pour construire une économie de la connaissance en s’appuyant sur « divers acteurs et experts de l’intérieur et de l’extérieur du pays » jusqu’à aboutir à l’élaboration d’une « stratégie nationale de construction d’une économie de la connaissance ».

Bien. Reste à lancer les fondations d’une orientation qui implique la refonte totale des mœurs et pratiques qui ont cours dans le monde des affaires à commencer par le système bancaire et administratif du pays. Une révolution qui est plus facile à souhaiter qu’à mener.

L’université et l’enseignement supérieur en général dont le rôle locomoteur sera déterminant dans ce démarrage en trombe sont loin des standards mondiaux. Aucune faculté, aucun institut ou école supérieure ne se classe dans le gotha mondial de la production scientifique et technologique. Ces établissements sont, eux aussi, étouffés par les lourdeurs bureaucratiques et par la léthargie intellectuelle en cours à tous les niveaux de l’enseignement. En 2018, ils ont déposé 134 brevets contre 107 pour les centres de recherche du ministère de l’Enseignement supérieur et la recherche scientifique (MESRS), 27 pour les centres et Instituts de recherche hors MESRS et 7 seulement pour les autres agences du même secteur.

C’est l’Université de Blida, département de Physique-Mécanique-Chimie et Aéronautique qui arrive en tête des plus inventives, suivie de l’Université des sciences et technologies de Bab Ezzouar d’Alger, de l’Institut de Technologie-Industrie-Electronique de l’Université de Boumerdes et de la faculté de Physique-Chimie-Electronique de Biskra.

Le chemin est donc long avant de concurrencer les grands centres universitaires d’Amérique, d’Europe et d’Asie, mais, comme le soutient l’adage, celui qui ne tente rien n’a rien.

Mohamed Badaoui

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