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Bien qu’elle se défende de le contrôler : la politique n’est jamais loin du sport

Plusieurs événements sportifs ont donné lieu à une empoignade politique rarement vue. L’opinion publique a vivement réagi ces derniers jours à des manquements dans la gestion du sport national.  

Sport et politique ne se sont jamais autant mêlés comme ces derniers jours. Il y a eu d’abord le coup de gueule de Djamel Belmadi contre la gestion du stade Tchaker dont la pelouse était, selon lui, indigne de l’équipe nationale qui allait y disputer un match de qualification de Coupe du monde contre Djibouti.

L’esclandre a vite été relayé par les réseaux sociaux puis par les médias jusqu’à devenir un sujet de l’heure brûlant et un motif de critiques acerbes contre tous les dirigeants du pays. Pour dégonfler la bulle, la tutelle a rapidement démis de ses fonctions le directeur de la Jeunesse et des sports de la wilaya de Blida. Belmadi, pour sa part, a été salué par l’opinion publique comme un responsable modèle qui devrait inspirer toute l’élite politique.

L’entraîneur national a cependant gardé un profil bas en expliquant que sa réaction ne dépassait pas l’exercice de son métier. Il a en revanche révélé, dans un autre registre, que certaines personnes ont souvent tenté de le gagner en coulisses pour avoir son appui à telle ou telle désignation, telle ou telle élection, mais il a toujours catégoriquement refusé.

L’affaire du gazon du stade Tchaker de Blida était encore incandescente lorsqu’un nouveau scandale a éclaté après l’accueil, pour le moins humiliant, de l’équipe paralympique. Ces athlètes qui ont honoré l’Algérie aux olympiades de Tokyo ont été livrés à eux-mêmes à leur arrivée à l’aéroport d’Alger. Un traitement a profondément heurté les sentiments des Algériens qui ont allumé la toile avec des commentaires exprimant leur profonde colère. Le ministre de la Jeunesse et des sports, Abderrazak Sebgag, s’est dit lui-même choqué par les images diffusées par les télévisions et les réseaux sociaux en promettant que des sanctions allaient tout de suite tomber.

C’est finalement le premier ministre Aïmene Benabderrahmane lui-même qui a pris la décision de limoger le secrétaire général du ministère de la Jeunesse et des sports et le directeur général des Sports «pour négligence dans l’accomplissement de leurs missions et manquement à l’obligation de l’accueil des athlètes, après leur participation aux jeux paralympiques à Tokyo».

Quelques heures plus tard, son ministre chargé du secteur a, lui aussi, mis fin aux fonctions du directeur de la Promotion des sports en milieux d’éducation et de formation, du sport pour tous et en milieux spécialisés, ainsi qu’au directeur du Suivi des institutions, de la vie associative et de l’éthique sportive.

Cette cascade de décisions n’aurait peut-être pas eu lieu si ces dysfonctionnements dus à l’incompétence des fonctionnaires incriminés n’avaient pas suscité une réaction aussi forte du public face à ces manquements. Les propos tenus par les internautes ou dans les discussions réelles ont pris une tournure politique à un moment où les gouvernants tentaient de calmer les esprits citoyens après la mauvaise gestion de la troisième vague de l’épidémie et de la série d’incendie qui a ravagé des dizaines de milliers d’hectares de forêts et causé la mort de dizaines de personnes.

Sport et géopolitique

Sport et politique, ou plutôt géopolitique, s’interfèreront d’une manière singulière aujourd’hui à l’occasion du match entre l’Algérie et le Burkina Faso à Marrakech. Cette rencontre comptant pour les éliminatoires du Mondial intervient dans un climat de tension élevée entre Alger et Rabat.

Les relations entre les deux pays ont été récemment rompues sur décision algérienne qui reproche à son voisin de l’ouest d’entretenir, depuis des mois, une atmosphère de provocation et d’hostilité contre ses intérêts et sa souveraineté.

C’est la sélection du Burkina Faso qui accueille en bénéficiant du Grand stade de Marrakech puisque aucun terrain de ce pays n’a été homologué pour ce type de compétition. Evidemment, les Algériens craignent que l’ambiance envenimée qui caractérise en ce moment les rapports algéro-marocains se répercutent négativement sur leur équipe.

Toutefois, dans une déclaration à la presse, le président de la Fédération royale marocaine de football, Fouzi Lekjaa, a affirmé que la sélection algérienne de football bénéficiera d’un «accueil à la hauteur» et disposera des « meilleures conditions » tout au long de son séjour. « Nous avons fait tout notre possible pour remettre le stade de Marrakech dans de meilleures conditions et offrir à nos frères algériens un agréable séjour», a-t-il précisé.

Le royaume chérifien dont le monarque a tenté, avant la rupture des relations, une manœuvre d’apaisement profitera certainement de l’occasion pour prouver ses bonnes intentions et mettre le blâme sur l’Algérie qui a refusé son avance la qualifiant de diversion.

Sport et géopolitique ont été encore intimement liés avant-hier quand l’équipe nationale du Maroc a failli faire les frais des répercussions du coup d’Etat militaire mené par le général Mamady Doumbouya contre le président Alpha Condé. Le Onze de Vahid Halilhodzic s’est retrouvé coincé à son hôtel de Conakry où il devait disputer sa qualification en coupe du monde contre l’équipe de Guinée. Heureusement, plus de peur que de mal, les footballeurs ont pu regagner, sains et saufs, leur pays après d’intenses tractations diplomatiques.

Mohamed Badaoui

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