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Après une année de suspension : le Hirak revient de Kherrata (vidéo)

Les habitants de Kherrata et de ses environs sont sortis hier par milliers pour commémorer le deuxième anniversaire du soulèvement populaire du 16 février 2019 qui avait précédé d’une semaine le début du Hirak dans toute l’Algérie.

C’est avec une grande émotion et fierté que Kamel, un habitant d’Alger mais natif de Kherrata, parle de sa terre natale en ce jour où les siens sont sortis par milliers commémorer le deuxième anniversaire du Hirak.

« Les nôtres, dit-il, ont un caractère dur, déterminé, mais ils ont un sens élevé de la justice. Par exemple, lorsque les prix des marchandises montent sans raison, ils boycottent le marchand et réprimandent tous ceux qui outrepassent l’interdiction d’acheter chez lui. Car il faut penser aux pauvres qui n’ont pas les moyens de se nourrir correctement s’ils n’ont pas les moyens de payer des aliments trop chers. »

 Ce caractère, ajoute-t-il, imprime tous les aspects de la vie en communauté à Kherrata et de ces environs. Dans cette région montagneuse, âpre, la solidarité, l’entraide et l’hospitalité ne sont de vains mots. La dignité est aussi une valeur avec laquelle les autochtones ne badinent pas.

 C’est pourquoi, ils ont été parmi les premiers à sortir le 8 mai 1945 et accepter de verser leur sang pour réclamer l’indépendance du pays. Aujourd’hui, le pays est libre mais les gens de Kherrata, toujours mus par un idéal de justice aigu et une certaine idée de la grandeur de l’Algérie, manifestent leur colère pacifiquement parce qu’ils tiennent à la quiétude du pays et à son épanouissement, comme le soutient Kamel.

Il y a deux ans, dans un sursaut d’orgueil, ils se sont soulevés le 16 février 2019 pour refuser l’humiliation d’un cinquième mandat réclamé par l’entourage d’un président grabataire et quasi inconscient. Ils ont ainsi précédé la formidable explosion qui allait tonner, six jours plus tard, dans l’ensemble du territoire algérien.

Lire aussi : Le Hirak, entre craintes et espoirs

 

Une marée humaine

 Un moment de rupture qui a poussé des millions de citoyens à investir la rue pour demander le respect, répondant ainsi à un appel profond, mystérieux. La société algérienne a entamé depuis ce jour le processus d’un changement qui est toujours en cours et à travers lequel toutes les catégories de la population aspirent à un meilleur lendemain.

Le Hirak a acquis maintenant une valeur universelle tant par son caractère pacifique, son auto-organisation, son âme joyeuse que par sa détermination et son long souffle.

Il semble maintenant vouloir revenir après le « La » donné une nouvelle fois par Kherrata.

Hier, une marée humaine a déferlé dans les rues de la ville avec des slogans qui n’ont pas pris une ride et une volonté toujours incandescente.

Même si le pouvoir a accepté de se remettre profondément en cause, les manifestants estiment que leurs revendications n’ont pas encore été pleinement satisfaites.

Des citoyens d’autres wilayas du pays ont afflué à Kherrata pour participer au rassemblement. Après un an d’arrêt par discipline, pour ne pas aggraver la pandémie et montrer au monde que les Algériens sont un peuple raisonnable, il faut s’attendre que des manifestations d’ampleur ne tarderont pas à submerger tout le pays.

Elles réclameront, en priorité, la libération des détenus du Hirak et donneront leur avis sur les derniers développements politiques après un silence de douze mois.
Les autorités semblent avoir compris le message et il ne faut pas s’attendre, selon les observateurs, à un face-à-face violent entre les forces de l’ordre et la population.

Mohamed Badaoui

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