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Après 107 vendredi de contestation : l’Algérie est dans l’impasse en plein océan pacifique

Les manifestations d’hier confirment la détermination des Algériens d’occuper la rue pour longtemps afin de faire entendre directement leurs revendications. Pendant ce temps, le pouvoir semble vouloir reconstruire une nouvelle alliance présidentielle avec des partis contestés ou sans grande assise populaire.

Après quatre jours de grisaille, le ciel s’est dégagé hier pour offrir aux habitants d’Alger une splendide journée printanière. L’atmosphère était donc propice au déferlement de l’océan pacifique hebdomadaire dont les eaux houleuses ont une nouvelle fois fait tanguer la capitale.

Selon un scénario qui prend de plus en plus l’allure d’un rituel, les processions ont afflué des quatre points cardinaux pour communier dans la rue Didouche Mourad qui s’était remplie à ras-bord vers le milieu de l’après-midi. Les bras en l’air, les poings fermés, les protestataires criaient à gorge déployée des slogans hostiles aux autorités, citant nommément les responsables du pays et les sommant de quitter le pouvoir pour le remettre au peuple.

Ce vendredi, comme celui de la semaine dernière, les slogans sont montés d’un cran. Ainsi, la dernière annonce officielle sur le projet d’une loi permettant le retrait de la nationalité aux algériens expatriés qui se rendraient coupables d’« atteinte à la sécurité de l’Etat », selon les termes des autorités, a été abondamment critiquée. Le ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati a été houspillé et rendu personnellement responsable de tentative d’intimidation adressée aux citoyens pour qu’ils arrêtent leur mouvement de contestation.

Certains groupes s’en sont pris directement aux services secrets algériens et adressé des messages provocateurs aux policiers. Mais à aucun moment les corps de sécurité qui barraient les accès de plusieurs rues à l’instar de la rue Didouche Mourad, des boulevards Colonel Amirouche et Zighoud Youcef n’ont été pris physiquement à partie.

 On sentait tout de même la montée d’une certaine raideur et de surenchère dans les revendications dans cette nouvelle version du Hirak. Même s’il reste bigarré de toutes les tendances et les contradictions qui traversent la société algérienne, il semble bien produire en crescendo des voix plus aiguës politiquement, depuis son retour le 22 février dernier.

Pendant ce temps, le pouvoir donne l’impression de faire la sourde oreille ou réinterpréter, selon ses propres filtres, ce que lui demande le Hirak. Les récentes audiences accordées par le président Abdelmadjid Tebboune aux leaders de partis politiques qui n’ont, pour certains, aucune assise populaire ou qui sont, pour les autres, fortement contestés suit cette logique. C’est comme si le premier magistrat du pays cherchait à s’entourer d’une nouvelle alliance présidentielle formée de politiciens professionnels dociles, chargés d’encadrer la population. Aucun opposant, parmi ceux qui ont choisi d’être dans la masse du mouvement populaire, n’a été pour l’instant reçu à El Mouradia ou invité à entamer le dialogue avec les autorités.

Tout porte donc à croire que le pays est dans une impasse politique sans qu’aucune idée pragmatique pour l’en sortir n’est proposée par le pouvoir ou par le Hirak.  Au contraire, c’est plutôt la surenchère et la rigidité qui semblent gagner du terrain, d’un côté comme de l’autre.

Si l’on ajoute à cela la situation désastreuse de l’économie et l’impact dramatique de la crise sanitaire  de 2020, il est difficile de rester serein.

Jamais, depuis l’indépendance, le pacte social entre gouvernants et gouvernés n’a été autant mis en danger comme il l’est depuis le 22 février 2019. Le retour à la protesta ouverte et sans médiation politique sérieuse place l’Algérie à la merci de tous les aléas, de toutes les menaces.

Mohamed Badaoui          

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