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114e semaine de contestation populaire : policiers et manifestants à l’épreuve du ramadan et de la chaleur

Des marches populaires ont eu lieu dans pratiquement toutes les wilayas pays. En dépit de la chaleur, de la faim et de la soif, ils étaient des dizaines de milliers à investir la rue pour réclamer le changement.

Alger, vendredi 23 avril 2021 à 14 heures. Le soleil se réfléchit sur les casques bleus des éléments anti-émeute jusqu’à aveugler celui qui les regarde. Visiblement éprouvés, les policiers forment une haie serrée le long de la rue Asselah Hocine devant le siège de l’Assemblée populaire, la wilaya et le poste de police de Cavaignac où se trouve le plus gros des troupes.

Lourdement vêtus et équipés, en position d’intervenir en cas de débordement, ils semblent affectés par la chaleur qui les cogne depuis des heures mais aussi par le manque de nourriture et d’eau. Ils doivent néanmoins garder leur calme et une grande maîtrise de soi pour ne pas réagir aux slogans et harangues provocatrices des manifestants. Ils sont certes entraînés mais, pour supporter cette pression, il faut posséder naturellement des nerfs d’acier et une grande capacité d’endurance. Car, ils ne reprendront leur souffle qu’une fois que la vague humaine se déplace ailleurs. Tous enlèvent alors leur casque, déposent leur bouclier de plexiglas et traversent la rue pour s’abriter du soleil.

Les marcheurs, eux aussi, transcendent les privations liées au jeûne rituel pour parcourir des kilomètres à pied en criant et se dépensant physiquement comme s’ils accomplissent un pèlerinage. Très peu, cherchent de l’ombre pour s’y réfugier entre deux mots d’ordre poussés à plein poumons mais la masse déboule les rues comme lors d’une promenade de santé.

Performance métaphysique ou preuve de détermination ? Probablement les deux. Les marcheurs semblent dire que leur mouvement dépasse maintenant le stade de la revendication de réforme citoyenne pour devenir une institution que le pouvoir doit prendre en considération de sa globalité. Cette mobilisation qui ne faiblit pas depuis plus deux ans, hormis l’arrêt volontairement observé en 2020 en raison de la pandémie, acquiert de plus en plus une sorte de sacralité. Elle multiplie pour cela les références aux symboliques de la lutte contre la colonisation et pour la libération du pays. Ces nombreux parallèles qui reviennent fréquemment ne sont pas anodins mais procèdent d’une stratégie par laquelle militants et activistes amarrent leur combat dans la continuité du Mouvement national.

D’ailleurs, il peut paraître étonnant que la cherté de la vie, la pénurie des liquidités dans le réseau postale ou celle de l’huile de table ne soient pas dénoncées par les protestataires qui font dans leur majorité des couches qui en souffrent.

Le Hirak demeure donc politique et même géopolitique puisque les Emirats arabes Unis et surtout la France sont pris à partie comme à de nombreuses occasions pour leur supposé soutien au pouvoir en place ou leurs visées présumées sur les richesses du pays. Ainsi, le Hirak paraît négliger les considérations conjoncturelles au profit d’une dimension et un objectif de taille historique.

 Mohamed Badaoui

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